Painting With Time

L’application iPad dont je vais vous parler aujourd’hui me fait ouvrir des yeux ébahis à chaque fois que je l’utilise.

L’idée, c’est tout simplement de « peindre avec le temps ». Oui oui, vous m’avez bien comprise !

En fait le principe c’est d’avoir 2 (ou plus) photos d’un même endroit prises à des moments différents, et de les faire apparaître les unes après les autres, les unes sur les autres.

L’avantage de faire ça sur iPad c’est que l’on peut utiliser l’écran tactile comme un tableau, son doigt comme un pinceau, et donc passer par dessus la première image pour faire apparaître la deuxième… étape par étape, ou morceau par morceau.

J’adore l’utiliser avec mes patients car ils sont toujours abasourdis de voir les changements.

Comment je l’utilise avec mes patients ?

  • je leur fais manipuler l’application tout simplement, et découvrir les différentes images proposées. Ils doivent alors raconter ce qui se passe, décrire les images,
  • on peut aussi regarder la première image et essayer de deviner comment la situation va évoluer,
  • ou encore utiliser l’option « slice » et essayer de recomposer l’une des images comme une sorte de puzzle,
  • enfin on peut imaginer quelles photos on pourrait prendre de notre côté si on voulait fabriquer une nouvelle série.

Il existe 2 applications toutes les deux développées par Red Hill Studio : Painting With Time (0,79€) et Painting With Time : Climate Change (1,59€).

Dans la première vous trouverez toutes sortes de photos : un paysage durant les 4 saisons, la différence entre marée haute et marée basse, la barbe d’un homme qui pousse, une chambre qui est en train d’être rangée, la réalisation d’une fresque murale, la photo de la même femme de 18 à 80 ans…

Dans la seconde vous trouverez plutôt des images en lien avec le changement climatique (d’où le titre !) : c’est à dire des fontes de glaciers, la montée des eaux sur la côte, la disparition du lac Powel, etc…

Bref deux applications de qualité !
Et d’ailleurs si j’ai bien suivi une nouvelle version devrait sortir au mois d’avril, avec la possibilité d’ajouter nos propres photos et donc de rendre l’application encore plus utile en rééducation !

Je trouve que dans ce cas là le numérique nous apporte un vrai plus par rapport à nos traditionnelles histoires séquentielles.

Et vous ? Seriez-vous prêt à utiliser cette application avec vos patients ? Voyez-vous d’autres manières de l’utiliser en rééducation ?

Recherche de différences

L’an dernier, j’ai investi dans un ipad pour mon cabinet. J’en suis encore à expérimenter ses différentes possibilités mais toutes les semaines de nouvelles applications intéressantes sortent sur l’Apple Store.

Ce que je peux vous dire c’est que c’est un outil que j’utilise quasiment au quotidien, avec toutes sortes de patients, des touts-petits jusqu’aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives.

(note pour mes lecteurs : je sais qu’il existe des tablettes d’autres marques, mais je ne les ai jamais utilisées, et je ne souhaite parler que de ce que je connais et que j’utilise vraiment).

Aujourd’hui c’est justement d’une application pour adultes dont je voulais vous parler. Et il s’agit tout simplement d’une application de recherche de différences dans des photos.

Je suppose que l’on peut acheter des livres pour faire ça, l’inconvénient étant bien entendu le prix, et l’encombrement (oui, j’ai un tout petit bureau).

On peut également créer ses propres images à partir de photos personnelles ou libres de droit, et en utilisant un logiciel de retouche (comme Gimp par exemple). Le souci c’est que ça prend du temps, et ensuite il faut trouver un mode de présentation, et soit les afficher sur un écran (gare aux traces de doigts), soit les imprimer (mais ça finit par coûter cher en cartouches d’encre).

Bref, l’an dernier je voulais travailler les capacités de discrimination visuelle avec l’un de mes patients cérébrolésés et je n’ai rien trouvé qui fasse l’affaire parmi le matériel que je possédais (images trop enfantines). J’ai fini par utiliser un jeu en ligne sur ce site et j’avoue que ça a fait l’affaire. Le principal inconvénient pour moi étant l’environnement visuel du jeu, beaucoup trop chargé.

J’ai depuis découvert une application ipad qui correspond à ce que je cherche : Find Photo Difference de Lucky Lee Studio (la version gratuite est largement suffisante à mon goût).

Ses avantages

  • interface tactile, le patient n’a qu’à toucher du doigt la différence pour la sélectionner,
  • matériel composé de vraies photos qui peut donc être utilisé avec tous les publics,
  • bonne qualité d’images,
  • recherche d’image chronométrée, avec possibilité d’obtenir du temps supplémentaire si besoin,
  • obtention d’une pénalité si l’on clique quelque part où il n’y a pas de différence (temps en moins),
  • possibilité de choisir l’image sur laquelle on veut travailler.

Ses inconvénients

  • pas de niveaux : certaines images ont 5 différences, d’autres seulement 3 mais ce sont généralement des différences assez fines,
  • précision de l’endroit où cliquer, ce qui entraîne des « fausses pénalités »,
  • application très sensible donc le moindre effleurement de l’écran entraîne un faux clic,
  • pas de possibilité d’arrêter le défilement du temps pour observer les images à loisir.

Comment je l’utilise avec mes patients ?

(je reste toujours à côté pour contrer les effets « faux clics » dont je parlais plus haut)

Pour travailler le lexique dans un champ lexical particulier : je laisse le patient jouer mais je lui demande de verbaliser ce qu’il voit, ainsi que les différences qu’il trouve. On peut préparer au préalable une liste de mots utiles (exemple : tige, pétale, feuille, branche, insecte).

Pour travailler l’orientation et le vocabulaire spatial : je laisse le patient jouer mais je lui demande de verbaliser l’emplacement où se trouve la différence dans l’image (en haut à gauche, au milieu, derrière tel ou tel objet…)

Pour travailler la discrimination visuelle : je laisse le patient jouer, il n’a pas forcément besoin de verbaliser ce qu’il voit, tant qu’il trouve les différences.

Pour travailler le balayage visuel et/ou la fixation : je demande au patient d’analyser l’image en la regardant « ligne par ligne » ou « colonne par colonne ». Je lui impose donc un mode de recherche. (note pour les orthoptistes : je ne cherche pas à vous piquer votre boulot, je suis la première à envoyer mes patients en bilan si je suspecte un trouble neurovisuel. Mais parfois ce n’est pas possible pour le patient/sa famille ou alors les troubles ne sont pas assez importants pour nécessiter une prise en charge spécifique).

Et vous ? Utilisez-vous les recherches de différences avec vos patients ? Dans quel objectif ? Trouvez-vous que l’aspect numérique apporte un plus pour ce genre de travail ?