Domino des mots

Parmi les applications iPad que j’utilise le plus souvent se trouve Domino des mots (0,79€), de Nicolas Lehovetzki. (existe aussi pour Android).
Rien de bien compliqué dans cette application, il s’agit tout simplement de reconstituer des mots écrits à partir de leurs syllabes. Les syllabes de plusieurs mots sont mélangées entre elles, soit de manière statique (jeu classique), soit en mouvement (jeu des bulles).

Il est possible de paramétrer :

  • le type de jeu  : classique ou bulles
  • le niveau : 1, 2 ou 3 étoiles, ce qui correspond au nombre de syllabes à remettre dans les mots (9, 12 ou 20)
  • le thème des mots à retrouver (24 catégories sémantiques disponibles  actuellement)
  • la police d’écriture : majuscules d’imprimerie ou écriture scripte
  • la langue : français, anglais, espagnol ou allemand

Comment je l’utilise en rééducation ?

Avec des patients atteints de maladies neurodégénératives : pour retrouver le vocabulaire d’une catégorie sémantique sur laquelle nous avons travaillé auparavant (comme les fruits en ce moment avec l’une de mes patientes), ou pour mettre en place une stratégie de résolution de problème (voir plus loin).

Avec des patients aphasiques : pour évoquer le lexique en s’aidant des indices écrits,

Avec des patients apprentis lecteurs : pour prendre du plaisir à lire, pour lire avec un objectif et pas « juste pour lire »,

Avec des patients dyslexiques/dysorthographiques : pour forcer à la prise en compte de l’ensemble des syllabes du mot (décomposition en syllabes), pour augmenter le stock lexical et orthographique en restant dans des catégories sémantiques précises.

Avec des patients présentant des difficultés visuelles : pour travailler sur la poursuite (avec l’option « jeu des bulles »)

Avec des patients présentant des troubles d’attention : pour l’élaboration d’une stratégie de résolution (en verbalisant beaucoup : « Comment vas-tu faire ? Raconte-moi comment tu vas t’organiser pour trouver tous les mots. Comment as-tu fait pour trouver celui-ci ? »)

Les + de l’application :

  • graphismes neutres pouvant être présentés aussi bien à des adultes que des enfants,
  • catégories sémantiques variées
  • parties rapides.

Les – de l’application

  • pas de possibilité de choisir nous-même les mots à utiliser,
  • certains mots sont peu fréquents et donc difficiles à trouver pour nos patients

Et vous ? Utilisez-vous cette application ? Vous fixez-vous des objectifs différents de ceux que j’ai pu proposer ici ?

Recherche de différences

L’an dernier, j’ai investi dans un ipad pour mon cabinet. J’en suis encore à expérimenter ses différentes possibilités mais toutes les semaines de nouvelles applications intéressantes sortent sur l’Apple Store.

Ce que je peux vous dire c’est que c’est un outil que j’utilise quasiment au quotidien, avec toutes sortes de patients, des touts-petits jusqu’aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives.

(note pour mes lecteurs : je sais qu’il existe des tablettes d’autres marques, mais je ne les ai jamais utilisées, et je ne souhaite parler que de ce que je connais et que j’utilise vraiment).

Aujourd’hui c’est justement d’une application pour adultes dont je voulais vous parler. Et il s’agit tout simplement d’une application de recherche de différences dans des photos.

Je suppose que l’on peut acheter des livres pour faire ça, l’inconvénient étant bien entendu le prix, et l’encombrement (oui, j’ai un tout petit bureau).

On peut également créer ses propres images à partir de photos personnelles ou libres de droit, et en utilisant un logiciel de retouche (comme Gimp par exemple). Le souci c’est que ça prend du temps, et ensuite il faut trouver un mode de présentation, et soit les afficher sur un écran (gare aux traces de doigts), soit les imprimer (mais ça finit par coûter cher en cartouches d’encre).

Bref, l’an dernier je voulais travailler les capacités de discrimination visuelle avec l’un de mes patients cérébrolésés et je n’ai rien trouvé qui fasse l’affaire parmi le matériel que je possédais (images trop enfantines). J’ai fini par utiliser un jeu en ligne sur ce site et j’avoue que ça a fait l’affaire. Le principal inconvénient pour moi étant l’environnement visuel du jeu, beaucoup trop chargé.

J’ai depuis découvert une application ipad qui correspond à ce que je cherche : Find Photo Difference de Lucky Lee Studio (la version gratuite est largement suffisante à mon goût).

Ses avantages

  • interface tactile, le patient n’a qu’à toucher du doigt la différence pour la sélectionner,
  • matériel composé de vraies photos qui peut donc être utilisé avec tous les publics,
  • bonne qualité d’images,
  • recherche d’image chronométrée, avec possibilité d’obtenir du temps supplémentaire si besoin,
  • obtention d’une pénalité si l’on clique quelque part où il n’y a pas de différence (temps en moins),
  • possibilité de choisir l’image sur laquelle on veut travailler.

Ses inconvénients

  • pas de niveaux : certaines images ont 5 différences, d’autres seulement 3 mais ce sont généralement des différences assez fines,
  • précision de l’endroit où cliquer, ce qui entraîne des « fausses pénalités »,
  • application très sensible donc le moindre effleurement de l’écran entraîne un faux clic,
  • pas de possibilité d’arrêter le défilement du temps pour observer les images à loisir.

Comment je l’utilise avec mes patients ?

(je reste toujours à côté pour contrer les effets « faux clics » dont je parlais plus haut)

Pour travailler le lexique dans un champ lexical particulier : je laisse le patient jouer mais je lui demande de verbaliser ce qu’il voit, ainsi que les différences qu’il trouve. On peut préparer au préalable une liste de mots utiles (exemple : tige, pétale, feuille, branche, insecte).

Pour travailler l’orientation et le vocabulaire spatial : je laisse le patient jouer mais je lui demande de verbaliser l’emplacement où se trouve la différence dans l’image (en haut à gauche, au milieu, derrière tel ou tel objet…)

Pour travailler la discrimination visuelle : je laisse le patient jouer, il n’a pas forcément besoin de verbaliser ce qu’il voit, tant qu’il trouve les différences.

Pour travailler le balayage visuel et/ou la fixation : je demande au patient d’analyser l’image en la regardant « ligne par ligne » ou « colonne par colonne ». Je lui impose donc un mode de recherche. (note pour les orthoptistes : je ne cherche pas à vous piquer votre boulot, je suis la première à envoyer mes patients en bilan si je suspecte un trouble neurovisuel. Mais parfois ce n’est pas possible pour le patient/sa famille ou alors les troubles ne sont pas assez importants pour nécessiter une prise en charge spécifique).

Et vous ? Utilisez-vous les recherches de différences avec vos patients ? Dans quel objectif ? Trouvez-vous que l’aspect numérique apporte un plus pour ce genre de travail ?