Aujourd’hui je vous propose un petit billet d’humeur en réaction à une chronique qui a été proposée dans l’émission « Le Magazine de la Santé » du 7 septembre 2015.
Malheureusement l’émission n’est plus disponible en replay mais pour ceux qui l’auraient manquée, voici en substance ce qui y a été présenté : la chroniqueuse, Emma Strack, a sélectionné 3 applications en lien avec l’orthophonie, et a consulté la FNO pour obtenir leur avis sur l’intérêt de ces applications en rééducation. Là-dessus, nous avons bien entendu reçu un communiqué de presse du syndicat qui nous dit :
« Cette consultation de La FNO pour avis, a permis de repréciser l’importance de la démarche de bilan orthophonique et dans quel contexte ces applications peuvent intervenir.
Elle a aussi été l’occasion de rappeler la différence entre démarche de soins et choix des outils. »
Moi, sur le principe, je trouve cela très bien. Les patients découvrent effectivement des applications sur les stores (Play Store ou AppStore) et il est judicieux que des médias généralistes et à grande audience démystifient un peu tout cela.
Le message qu’a souhaité passer la FNO a bien été retransmis par la journaliste, qui avait en effet sélectionné en première intention une application anglophone ressemblant à un quizz pour s’auto-diagnostiquer dyslexique. Elle a donc rappelé qu’il n’était pas possible de diagnostiquer la dyslexie avec de tels outils et que seul un bilan effectué par un orthophoniste pouvait être pertinent. Ceci étant je n’ai pas gardé la référence de l’application, mais je doute que les patients francophones tombent réellement sur cette appli et soient motivés pour compléter un quizz en anglais (surtout s’ils sont dyslexiques).
Bref. Deuxième application sélectionnée : l’une de celles proposées par Guillaume Lefebvre (pardon Guillaume, j’ai oublié laquelle précisément) qui obtient un beau 14/20, et un commentaire que je trouve assez pertinent sur l’intérêt majoritaire pour une utilisation « entre les séances » (et donc en complément d’une rééducation pour les patients).
Dernière application sélectionnée : LetMeTalk, une application de CAA gratuite, disponible à la fois pour iOs et pour Android. Et c’est là que le bât blesse selon moi. Cette application, je la présente aussi lors de mes formations et je trouve qu’elle est plutôt correcte pour une application gratuite. Ici elle a obtenu un score de 18/20 et un commentaire comme « il est indéniable que de telles applications sont le futur pour les patients qui souffrent de troubles de la communication » (je ne me souviens plus exactement, j’ai vu le reportage il y a quelques jours).
Par contre, aucune mention :
- du fait que si celle-ci est gratuite elle est loin d’être parfaite,
- du fait que certes les applications « chères » se trouvent dans ce domaine particulier mais qu’elles sont toujours (bien) meilleur marché que les solutions qui existaient auparavant,
- et surtout que la mise en place d’un moyen de communication alternatif et augmenté ne s’improvise pas et nécessite un accompagnement par des professionnels formés, ergothérapeutes et orthophonistes en collaboration avec le patient, sa famille et les autres soignants de son entourage.
Bref, on fait l’apologie d’une solution de CAA gratuite en lui accordant un 18/20 et en laissant croire que le futur de l’orthophonie passe par là… il y a encore du boulot !!