Letter Reflex

Il y a quelques temps, Declic Kids a parlé dans sa revue des applications gratuites ou en promo d’une application nommée Letter Reflex. Elle m’a aussi interpellée sur Twitter pour savoir ce que j’en pensais.

Comme j’étais en vacances je n’ai pas pu récupérer l’application en promo (dommage) mais le principe m’a assez interpellée pour que je décide de l’acheter.

L’application LetterReflex est donc éditée par BinaryLabs et est disponible uniquement en anglais. Elle coûte 2,39€ et une version « multi-utilisateurs » est disponible en achat « in-app » (attention cela ne fonctionne pas chez moi)

Elle est composée de 2 jeux : « Tilt it » et « Flip it ». Le principe est d’utiliser des techniques kinesthésiques pour amener les enfants à distinguer la droite de la gauche, et y associer les lettres correspondantes.

Tilt it

   

Le nom d’une lettre est donné à l’oral au joueur (en anglais) qui doit orienter sa tablette (prise en compte du gyroscope de l’iPad) pour faire rouler une bille jusqu’au trou correspondant à cette lettre. Le niveau de difficulté augmente au fur et à mesure, avec notamment la disparition des barres verticales pour ne garder que les ronds, l’augmentation du nombre de trous « pièges », et l’augmentation de la complexité de la consigne (nombre de lettres à trouver successivement).

Flip it

   

Le joueur doit faire glisser son doigt sur les lettres (ou les mots) pour les faire tourner selon un axe de symétrie horizontal ou vertical (selon le geste qu’il effectue). L’objectif est de transformer toutes les lettres jusqu’à ce qu’elles correspondent à la lettre cible.

Tout cela sera bien entendu plus simple à comprendre avec une vidéo (en anglais) :

Les +

  • application qui utilise les fonctionnalités de la tablette pour créer une activité novatrice,
  • les niveaux de difficultés sont très paramétrables (dans le menu réglage de l’iPad)
  • très ludique, les patients en redemande

Les –

  • application entièrement en anglais, qui pourrait cependant facilement être traduite,
  • pas de référence pour retrouver les articles scientifiques qui ont visiblement inspiré les auteurs,
  • achat « in-app » qui ne fonctionne pas, et donc pas de possibilité de tester le mode multi-utilisateurs,
  • dans le rapport de « tilt it », il y a un pourcentage de précision mais sont comptées comme erreurs aussi bien les trous non associés à une lettre, que les trous associés à une autre lettre que celle demandée.

Comment je l’utilise en rééducation ?

Il n’existe pas vraiment d’usage différent de cette application en orthophonie par rapport à un usage « grand public ».
L’objectif thérapeutique visé est clairement la discrimination visuelle des lettres b/d/p/q et u/n, et l’utilisation de cette application va donc venir en supplément de tout le travail thérapeutique que l’on peut déjà effectuer dans cet objectif.
Les deux patients avec lesquels j’ai testé l’application ont apprécié le jeu, sachant que j’effectuais la traduction en français en simultané. Je ne sais pas vraiment si l’utilisation de cette application les aura fait progresser mais en tout cas elle m’a permis de varier les exercices que je leur propose.

Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Seriez-vous prêts à investir plus de 2€ dans une telle application ?
Trouvez-vous que le concept du renforcement kinesthésique soit intéressant ? Connaissez-vous des études qui en parle ?

Mémory sur tablette

Avant de posséder un iPad je parcourais souvent les vide-greniers à la recherche de jeux divers pour enfants, et notamment des jeux de mémory. D’ailleurs vous aurez peut-être remarqué que j’aime bien utiliser des jeux « basiques » mais qui peuvent être détournés de nombreuses façons en orthophonie.

Alors le mémory, comment dire… c’est un super jeu plein de possibilités mais avec certains enfants ça peut vite devenir lassant tellement les préparatifs sont longs…

D’abord il faut sélectionner les paires d’images que l’on va utiliser (et là on prie pour avoir bien rangé le jeu la dernière fois, sinon il faut encore reconstituer les paires… ce qui peut être un bon exercice pour le patient cela dit), ensuite il faut placer les paires sur la table, de manière à former une grille avec des lignes et des colonnes à peu près alignées (et le patient veut toujours le faire lui-même…humm), et enfin seulement on peut jouer (rahh zut, le patient vient de replacer la carte au mauvais endroit… mais elle était où déjà ?).

Avec les jeux de mémory sur l’ipad tous ces problèmes ne se posent pas, et cela permet de démarrer une partie en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Il existe sur l’AppStore de nombreux jeux de mémory, j’ai donc choisi aujourd’hui de vous parler de celui que j’utilise le plus : Preschool Memory Match de Darren Murtha Design.

Les point positifs

  • possibilité de choisir le thème du mémory parmi 5 thèmes (voir possibilité de mélanger plusieurs thèmes),
  • différents niveaux (easy : 12 cartes, medium : 20 cartes, hard : 30 cartes et super duper hard : 100 cartes)
  • les cartes retournées restent affichées jusqu’à ce que le joueur suivant commence à jouer
  • lorsqu’une paire est trouvée son image s’affiche en grand sur l’écran pendant plusieurs secondes
  • jolies illustrations,
  • interface « neutre » pouvant être utilisée aussi bien avec des enfants qu’avec des adultes.

Les points négatifs

  • pas de mode « deux joueurs », il faut donc compter les points autrement,
  • application en anglais (elle permet d’afficher le mot écrit ou de l’entendre mais cela perd de son intérêt du coup),
  • certains images représentent des items trop peu courants (notamment dans les instruments de musique, et dans les animaux), d’autres sont trop connotés « US ».

Comment je l’utilise avec mes patients ?

pour travailler la mémoire visuelle

pour travailler le lexique : dans un champ sémantique particulier, je demande tout simplement de dénommer les images retournées

pour travailler les termes de topologie : le patient doit verbaliser soit l’emplacement des cartes retournées, soit l’emplacement où il pense que se trouve la deuxième carte d’une paire.

pour travailler la planification et la mise en place d’une stratégie de recherche et de mémorisation

Et vous ? Utilisez-vous des jeux de mémory en rééducation ?
Pour ceux qui possèdent un iPad avez-vous trouvé d’autres applications de mémory intéressantes ?

Recherche de différences

L’an dernier, j’ai investi dans un ipad pour mon cabinet. J’en suis encore à expérimenter ses différentes possibilités mais toutes les semaines de nouvelles applications intéressantes sortent sur l’Apple Store.

Ce que je peux vous dire c’est que c’est un outil que j’utilise quasiment au quotidien, avec toutes sortes de patients, des touts-petits jusqu’aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives.

(note pour mes lecteurs : je sais qu’il existe des tablettes d’autres marques, mais je ne les ai jamais utilisées, et je ne souhaite parler que de ce que je connais et que j’utilise vraiment).

Aujourd’hui c’est justement d’une application pour adultes dont je voulais vous parler. Et il s’agit tout simplement d’une application de recherche de différences dans des photos.

Je suppose que l’on peut acheter des livres pour faire ça, l’inconvénient étant bien entendu le prix, et l’encombrement (oui, j’ai un tout petit bureau).

On peut également créer ses propres images à partir de photos personnelles ou libres de droit, et en utilisant un logiciel de retouche (comme Gimp par exemple). Le souci c’est que ça prend du temps, et ensuite il faut trouver un mode de présentation, et soit les afficher sur un écran (gare aux traces de doigts), soit les imprimer (mais ça finit par coûter cher en cartouches d’encre).

Bref, l’an dernier je voulais travailler les capacités de discrimination visuelle avec l’un de mes patients cérébrolésés et je n’ai rien trouvé qui fasse l’affaire parmi le matériel que je possédais (images trop enfantines). J’ai fini par utiliser un jeu en ligne sur ce site et j’avoue que ça a fait l’affaire. Le principal inconvénient pour moi étant l’environnement visuel du jeu, beaucoup trop chargé.

J’ai depuis découvert une application ipad qui correspond à ce que je cherche : Find Photo Difference de Lucky Lee Studio (la version gratuite est largement suffisante à mon goût).

Ses avantages

  • interface tactile, le patient n’a qu’à toucher du doigt la différence pour la sélectionner,
  • matériel composé de vraies photos qui peut donc être utilisé avec tous les publics,
  • bonne qualité d’images,
  • recherche d’image chronométrée, avec possibilité d’obtenir du temps supplémentaire si besoin,
  • obtention d’une pénalité si l’on clique quelque part où il n’y a pas de différence (temps en moins),
  • possibilité de choisir l’image sur laquelle on veut travailler.

Ses inconvénients

  • pas de niveaux : certaines images ont 5 différences, d’autres seulement 3 mais ce sont généralement des différences assez fines,
  • précision de l’endroit où cliquer, ce qui entraîne des « fausses pénalités »,
  • application très sensible donc le moindre effleurement de l’écran entraîne un faux clic,
  • pas de possibilité d’arrêter le défilement du temps pour observer les images à loisir.

Comment je l’utilise avec mes patients ?

(je reste toujours à côté pour contrer les effets « faux clics » dont je parlais plus haut)

Pour travailler le lexique dans un champ lexical particulier : je laisse le patient jouer mais je lui demande de verbaliser ce qu’il voit, ainsi que les différences qu’il trouve. On peut préparer au préalable une liste de mots utiles (exemple : tige, pétale, feuille, branche, insecte).

Pour travailler l’orientation et le vocabulaire spatial : je laisse le patient jouer mais je lui demande de verbaliser l’emplacement où se trouve la différence dans l’image (en haut à gauche, au milieu, derrière tel ou tel objet…)

Pour travailler la discrimination visuelle : je laisse le patient jouer, il n’a pas forcément besoin de verbaliser ce qu’il voit, tant qu’il trouve les différences.

Pour travailler le balayage visuel et/ou la fixation : je demande au patient d’analyser l’image en la regardant « ligne par ligne » ou « colonne par colonne ». Je lui impose donc un mode de recherche. (note pour les orthoptistes : je ne cherche pas à vous piquer votre boulot, je suis la première à envoyer mes patients en bilan si je suspecte un trouble neurovisuel. Mais parfois ce n’est pas possible pour le patient/sa famille ou alors les troubles ne sont pas assez importants pour nécessiter une prise en charge spécifique).

Et vous ? Utilisez-vous les recherches de différences avec vos patients ? Dans quel objectif ? Trouvez-vous que l’aspect numérique apporte un plus pour ce genre de travail ?