[Recherche] Non, les polices « dys » n’aident pas les dyslexiques !

Depuis l’arrivée de la police OpenDyslexic (gratuite et libre de droits), les publications à destination des lecteurs dyslexiques se multiplient en surfant sur cette « vague » du texte adapté.

Mais que nous dit la recherche ? Qu’il n’y a aucune preuve scientifique que ces polices soient plus facilitantes que d’autres pour les personnes atteintes de dyslexie, ni même qu’elles soient préférées à d’autres. Je vous en dit plus dans la suite de cet article…

La police OpenDyslexic n’améliore pas les performances de lecture des personnes dyslexiques

Pour les lecteurs qui arrivent ici sans passer par la case « accueil », je précise simplement que je suis orthophoniste, passionnée par la recherche, et que j’ai encadré dans les dernières années 2 mémoires de fin d’études (d’orthophonie) portant sur les adaptations typographiques pour les patients dyslexiques (références dans les commentaires pour ceux qui sont intéressés).
Mon article n’a cependant pas de valeur scientifique, mais a pour objectif de diffuser des résultats de recherche qui me semblent importants dans la pratique (chez les dyslexiques eux-mêmes, leurs familles, les orthophonistes, les enseignants et plus largement toutes les personnes ayant envie d’aider des personnes dyslexiques à lire de manière plus fluide).

Quelles polices spéciales existent à destination des dyslexiques ?

A ma connaissance, on retrouve 4 polices latines créées spécialement pour des populations de lecteurs dyslexiques : Dyslexie (Boer, 2008), OpenDyslexic (Gonzalez, 2011), ReadRegularTM (French, 2003) et Sylexiad (Hillier, 2006). Grosso modo leur principe est le même : la forme des lettres a été modifiée afin de permettre une meilleure différenciation des caractères les uns avec les autres. Par ailleurs, on retrouve des ajustements sur l’espacement des caractères et sur la taille des lettres.

Que nous dit la recherche ?

Seules les polices les plus utilisées : Dyslexie et OpenDyslexic ont fait l’objet de plusieurs études concernant leur efficacité.

Parmi ces études, la plus récente est celle de Kuster, van Weerdenburg, Gompel, & Bosman en 2018 qui ont étudié les effets de la police Dyslexie sur les performances de lecture d’enfants dyslexiques. Leurs résultats montrent que les enfants dyslexiques (n=170) n’ont pas lu les textes écrits en Dyslexie plus rapidement que les textes écrits en Arial, que la majorité d’entre eux préféraient lire en Arial et que leur préférence vis à vis de la police n’était pas liée à leurs performances en lecture.
Concernant OpenDyslexic on retrouve en 2016 un article de Wery & Diliberto tiré d’une de leurs études. 3 tâches de lecture différentes ont été proposées à des élèves dyslexiques : du nommage de lettres, de la lecture de mots et de la lecture de non-mots, le tout dans 3 polices différentes : OpenDyslexic, Arial et Times New Roman. Les résultats ne montrent aucune amélioration sur la vitesse ni sur la précision de lecture des élèves dyslexiques avec la police OpenDyslexic. Aucun d’entre eux n’a annoncé avoir pour préférence la police OpenDyslexic.

Et les limitations de ces études ?

Comme toujours avec la recherche, il est important de garder en tête les limites des études analysées. Ici trois points me paraissent particulièrement importants :

  • Toutes ces études ont été effectuées sur d’autres langues que le français,
  • La plupart sont effectuées sur des échantillons très réduits,
  • Elles manquent souvent de validité interne, c’est à dire qu’elles n’éliminent pas correctement la possibilité que les variations (ou non-variations) observées soient dues à d’autres facteurs que ceux étudiés (voir Schulz, 2016),
  • Elles concernent soit la lecture à l’écran soit la lecture sur papier, ce qui n’est pas la même chose.

Du coup on fait quoi ?

  • On arrête de convertir systématiquement tous les documents en OpenDyslexic : cela n’aide pas, et en plus les élèves n’ont aucune préférence pour cette police. On choisit plutôt Arial qui n’est pas ni plus ni moins bien lue mais qui a l’avantage de convenir à tout le monde.
  • On conserve les critères qui eux sont validés par la recherche (voir Rello & Baeza-Yates, 2015) :
    • Pour un affichage à l’écran : une taille de police entre 18px et 26px, un espacement entre caractères entre 0.07em et 0.14em, et des caractères romains (pas d’italique).
    • Pour une lecture sur papier : une taille de police entre 13,5pt et 19,5pt, un espacement entre caractères entre 1pt et 2pt, et des caractères romains (pas d’italique)

[Edit : Julie Catini vous propose également un document reprenant l’analyse de la littérature scientifique concernant les transparents ou lentilles colorées destinées à améliorer la lecture]

[Edit du 6 février : modification du paragraphe sur les critères à utiliser pour plus de clarté]

[Edit du 26 février : L’excellent blog RNT (Réseau Nouvelles Technologies de l’APF) propose en réponse à cet article, un billet intitulé « Les polices « dys » n’aident pas les dyslexiques : affirmation ou interrogation ? ». A lire absolument si vous voulez aller plus loin concernant les préconisations d’adaptation et leur mise en place.]

Bibliographie

Kuster, S. M., van Weerdenburg, M., Gompel, M., & Bosman, A. M. T. (2018). Dyslexie font does not benefit reading in children with or without dyslexia. Annals of Dyslexia, 68(1), 25‑42. https://doi.org/10.1007/s11881-017-0154-6

Marinus, E., Mostard, M., Segers, E., Schubert, T. M., Madelaine, A., & Wheldall, K. (2016). A Special Font for People with Dyslexia: Does it Work and, if so, why? Dyslexia, 22(3), 233‑244. https://doi.org/10.1002/dys.1527

Rello, L., & Baeza-Yates, R. (2015). How to present more readable text for people with dyslexia. Universal Access in the Information Society, 16(1), 29‑49. https://doi.org/10.1007/s10209-015-0438-8

Schneps, M. H., Thomson, J. M., Sonnert, G., Pomplun, M., Chen, C., & Heffner-Wong, A. (2013). Shorter lines facilitate reading in those who struggle. PloS one, 8(8), e71161. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0071161

Schulz, T. (2016). Internal Validity in Experiments for Typefaces for People with Dyslexia. In International Conference on Computers Helping People with Special Needs (Vol. 9759, p. 335‑338). https://doi.org/10.1007/978-3-319-41267-2_47

Wery, J. J., & Diliberto, J. A. (2016). The effect of a specialized dyslexia font, OpenDyslexic, on reading rate and accuracy. Annals of Dyslexia, 1‑14.

Zorzi, M., Barbiero, C., Facoetti, A., Lonciari, I., Carrozzi, M., Montico, M., … Ziegler, J. C. (2012). Extra-large letter spacing improves reading in dyslexia. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 109(28), 11455‑11459. https://doi.org/10.1073/pnas.1205566109

Les applis Vocabulynx, parfaites en séance

Me revoilà après quelques mois d’absence pour de nouvelles critiques d’applis. Vous risquez d’ailleurs d’en avoir beaucoup ces prochains temps parce que j’ai du retard dans ce que je souhaitais vous présenter. J’espère que vous apprécierez !!

Vocabulynx, le principe

Pour commencer voici donc les applis Vocabulynx, de l’éditeur Adaptiim. Il en existe toute une collection, et elles sont disponibles à la fois pour iOs et pour Android, à un prix modique.

De mon côté j’ai testé Vocabulynx CP1, CP2 et CE1 sur iOs, et Vocabulynx Confusions (b*d) sur Android.

Le principe est à chaque fois le même : il faut retrouver l’élément unique entre les étiquettes images et les étiquettes mots présentes à l’écran (un peu comme dans le Dobble).

vocabulynx_1

vocabulynx_2

Il existe 3 modes de jeu :

  • Entrainement : on joue aussi longtemps qu’on le souhaite
  • 10 cartes : une partie dure 10 manches, et on obtient à la fin un score en nombre de points, nombre d’erreurs, pourcentage de précision et temps
  • 2 minutes : une partie dure 2 minutes, et on obtient à la fin un score en nombre de points, nombre de manches, nombre d’erreurs, et pourcentage de précision

Dans chaque mode de jeu il est par ailleurs possible de choisir son niveau comprenant au choix de 3 à 8 images. Enfin, on peut jouer en option « lecture » (celui que je viens de vous présenter) ou en option « attention » dans lequel les mots sont également écrits sur les images.

vocabulynx_3

Enfin dans Vocabulynx Confusions (b*d) [mais (m*n) existe aussi], il est possible de choisir uniquement des mots contenant l’une des deux graphies, ou de mélanger les deux.

Les +

  • les différentes applications ont des niveaux bien calibrés : graphies simples pour CP1, graphies doubles pour CP2, graphies complexes pour CE1 (et la version CE2 existe également avec des mots irréguliers),
  • les graphismes sont agréables, adaptés aussi bien aux enfants qu’aux adultes (la mention de la classe n’apparait pas une fois l’application lancée)
  • les polices utilisées sont différentes pour chaque mot,
  • il est possible de changer de niveau en cours de partie, sans avoir besoin de revenir à l’accueil de l’application,
  • l’ergonomie des applications est super : simple et bien pensée

Les –

Ce seront plutôt des suggestions d’amélioration :

  • il n’y a pas de possibilité d’exporter les résultats (avec un envoi par email par exemple),
  • on ne peut pas choisir les mots utilisés.

Comment je les utilise avec mes patients ?

J’ai utilisé ces applis avec trois types de patients :

  • des enfants dyslexiques,
  • un patient aphasique global avec lequel j’ai utilisé l’option « attention » pour qu’il fasse de la comparaison entre les mots sur les étiquettes images et les mots seuls,
  • une patiente souffrant d’une maladie d’Alzheimer avec laquelle nous avons justement travaillé sur la flexibilité grâce aux différentes graphies (et nous avons aussi travaillé sur l’évocation au passage)

Vu le prix modique (et la disponibilité aussi bien pour iOs que pour Android) on pourrait aussi imaginer conseiller ces applications aux parents pour entrainer la lecture à la maison.

Et vous ? Comment utiliseriez-vous ces applications ? Avec quels patients ?

NB : certaines de ces applications m’ont été offertes par l’éditeur, mais cette critique ne reflète que mon avis objectif.

Série Lecto, l’appli qu’il vous faut pour la lecture flash

Estelle, qui fait partie de l’équipe de WikiAppli, a profité des derniers mois pour mettre au point deux nouvelles applications spécifiques à la rééducation orthophonique.

Elle m’a fourni des codes de téléchargement pour que je puisse tester ces applications (et plus particulièrement la version « Série Lecto » qui regroupe les 2 applications Lecto et Lecto Flash) et je me fais un plaisir d’en parler ici aujourd’hui car depuis que je les ai je ne cesse de m’en servir.

Au passage vous pouvez retrouver cette critique d’application (et bien d’autres) sur WikiAppli, allez y faire un tour et partager vos applis préférées !

serie_lectoiActu_télécharger_App_Store_icône

Description

Série Lecto se compose de 2 modules différents

Lecto

Lecto est un module de lecture de mots uniques. Il est fourni avec des listes de mots et de non-mots préenregistrées et il existe aussi la possibilité d’ajouter ses propres listes de mots.

Les listes de mots préenregistrées sont classées selon plusieurs critères : graphies complexes, confusions fréquentes, structures syllabiques, mots irréguliers, g durs/doux, c durs/doux, ASA versus ASSA.

serie_lecto1Les listes de non-mots proposent les mêmes critères de choix (mis à part « mots irréguliers » bien entendu).
Dans chaque critère, il est possible de cibler une ou plusieurs difficultés sur lesquelles notre travail va porter (ex : les graphies complexes ille, ail(le), ouil(le)…), voire de choisir pour chaque difficulté les mots exacts à utiliser (mot par mot ou par niveau). La personnalisation est donc infinie.

Une fois les listes de mots choisies, il est possible de fixer des critères de jeu : la police (type et taille), le nombre de mots à travailler, la présence ou non d’un jeu de renforcement, le type d’indicateur de progression, la présence ou pas de l’aide contextuelle, l’ordre aléatoire ou fixe des mots, et même la position des boutons de validation (droite ou gauche) !

serie_lecto8Une fois les critères choisis, on peut lancer le jeu. Le patient doit alors lire le mot affiché à l’écran, sans limite de temps. Des boutons de validation sont disponibles en bas de l’écran (Echec ou Réussite, voire Révision si cela a été choisi dans les paramètres). Avec les indicateurs ludiques, si le patient réussit à lire le mot du premier coup, on valide la lecture du mot et il obtient une petite image de récompense. En tapotant sur celle-ci il pourra passer au mot suivant. S’il est en semi-réussite, la petite image se placera dans un coin de l’écran, et il faudra une autre semi-réussite pour gagner la récompense et valider un item. Enfin s’il se trompe aucune image de récompense n’est attribuée. Sans indicateur ludique l’interface est plus sobre et peut tout à fait convenir pour un ado ou un adulte.

serie_lecto4A la fin de l’activité, si le jeu de renforcement a été activé dans les paramètres le patient peut se détendre pendant le temps choisi.

serie_lecto6Lecto flash

Lecto flash est un module de lecture de mots uniques, en modalité flash. Les mêmes listes de mots et de non-mots préenregistrées sont disponibles et il est bien entendu aussi possible d’ajouter ses propres listes de mots (si vous possédez la version Serie Lecto vos listes personnalisées se synchronisent automatiquement entre les deux modules)

Dans les réglages il est possible de choisir tout un tas de critères comme dans la version Lecto simple :

  • durée de visibilité des mots
  • durée pendant laquelle les mots seront cachés
  • possibilité de faire une appartion ou une disparition progressive des mots
  • modification de la police
  • choix du nombre de mots
  • activation et durée du jeu de renforcement
  • affichage manuel ou automatique des mots
  • ordre aléatoire ou fixe
  • indicateur de progression ou pas
  • affichage du titre ou pas
  • position aléatoire sur la page ou pas
  • possibilité de choisir les niveaux
  • son
  • aide contextuelle
  • position des boutons

serie_lecto8Contrairement à la version Lecto « simple » il n’y a pas de notion de validation de la lecture. Il y a seulement la possibilité de revoir le mot, ou de passer au mot suivant (si l’on est en affichage manuel, sinon les mots s’enchainent avec possibilité d’appuyer sur « pause »).

Le jeu de renforcement proposé à la fin est différent de celui proposé dans l’autre module.

serie_lecto9Points forts

  • les listes préenregistrées sont bien calibrées en terme de difficultés et de niveaux
  • l’application est hyper personnalisable
  • les graphismes
  • les jeux de renforcement, qui motivent vraiment les patients

Points faibles

  • pas de possibilité d’exporter ses listes pour les sauvegarder,
  • pas de possibilité de créer des profils de patients : pour garder les mêmes réglages d’une séance sur l’autre, et/ou pour pouvoir conserver une trace des résultats,
  • j’ai toujours besoin d’incliner la tablette pour pouvoir faire de la lecture flash (pour cette application comme dans les autres), le support posé directement sur la table est assez complexe dans cette modalité selon moi.

Utilisation clinique

Je me sers de cette application pour travailler la voie lexicale en lecture avec mes patients dyslexiques ou alexiques.

Pour les séries personnalisées, en général j’en profite pour faire écrire la liste de mots au patient, cela permet de travailler le versant orthographique en parallèle !

En conclusion

Selon moi, cette application fait partie des indispensables sur un iPad. Je sais qu’Estelle et toute l’équipe de Domino Création travaillent déjà à une version deux qui aura de nouvelles fonctionnalités !

Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Utilisez-vous d’autres applications de lecture ou de lecture flash sur votre tablette ?

Calculer automatiquement l’âge d’un patient

Il y a déjà quelques temps, une amie m’a contactée avec la demande suivante : « je me trompe souvent en calculant l’âge en mois de mes patients, est-ce qu’il existe un logiciel permettant de le faire sans erreur ? »

A ma connaissance,il n’existe pas de tel logiciel sur ordinateur. Cependant il est tout à fait possible de créer une feuille de calcul permettant de le faire. J’ai donc pris mon tableur préféré et j’ai créé le document que voilà (format .xls) :

age en mois v2Vous pouvez bien entendu le télécharger, le diffuser, le modifier (il suffit d’ôter la protection de la feuille, qui sert surtout à éviter les fausses manipulations) puisqu’il est sous Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.

En bonus, j’ai rajouté une zone permettant de calculer le retard de lecture au test de l’Alouette (Lefavrais). Attention, l’étalonnage du test n’est pas fourni dans ce document, il faut utiliser le manuel du test pour déterminer l’âge lexique du patient en mois et années.

Et pour les accrocs au smartphone ou à la tablette, sachez que l’éditeur Super Duper a créé une application gratuite pour calculer automatiquement un âge à une date donnée :

age calculatoriActu_télécharger_App_Store_icôneandroid-app-on-google-playCe billet vous a plu ? N’hésitez pas à cliquer sur le bouton J’aime, à twitter l’info, à vous abonner à la Newsletter, et/ou à me laisser un petit commentaire ici, ça fait toujours plaisir !

[Edit du 20 avril 2014] Une version 2 du document est en ligne, avec un calcul de l’âge du patient au moment du test en années et mois (et plus seulement en mois).

Memo Rébus

Peut-être que certains d’entre vous connaissent déjà le jeu « Mon premier mémo rébus » publié chez Oxybul ? Il s’agit d’une boîte de jeu avec des images à associer pour créer des mots en rébus (ex : mousse + tâche = moustache). Pas de mots écrits ici mais bien des images car il s’agit de jouer avec les syllabes orales.

Et bien les créatrices de ce jeu (dont une orthophoniste) se sont associées à la société d’édition d’applications Chocolapps pour en proposer une version sur iPad (si vous êtes sous Android ne partez pas, les applis de cet éditeur devraient arriver pour vous courant octobre). memo_rebus5

L’application

3 jeux sont proposés dans l’application :

  • Dans le 1er jeu le mot à trouver est donné et il faut trouver les deux mots-syllabes permettant de former ce mot-cible.

memo_rebus2

  • Dans le 2ème jeu toutes les images des mots-syllabes sont visibles et il s’agit d’associer deux de ces mots au choix pour former un mot-cible. Un même mot-syllabe peut servir plusieurs fois.

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  • Dans le 3ème jeu toutes les images des mots-syllabes sont cachées et il faut également en associer deux pour former un mot-cible au choix. Là encore les mots-syllabes peuvent servir à plusieurs reprises.

memo_rebus4Les +

  • La possibilité de jouer à plusieurs avec des tours de rôle initiés par l’appli,
  • Les illustrations,
  • Le prix, bien inférieur à celui de la version « carton »

Les –

  • Pour mes patients qui arrivent avec un trouble du langage et bien souvent des difficultés phonologiques le 3ème jeu est bien trop difficile…
  • Dans le 1er jeu le mot-cible n’est pas prononcé lorsque l’on tapote son image, alors que les mots-syllabes le sont,
  • Certains mots sont loin d’être fréquents (verseau, papou…) mais cela peut être rigolo de les trouver par hasard,
  • Comme dans tous les jeux de phonologie on retrouve des différences régionales dans la prononciation. Par exemple je n’entends pas « lait » dans « léchant » (d’ailleurs « léchant » ça me parait un peu tiré par les cheveux comme mot-cible mais bon)

Comment je l’utilise en orthophonie ?

Comme pour l’appli des « Jeux pour lire » l’usage en rééducation est ici évident. Quelques précisions cependant :

Avec les plus petits et/ou les plus en difficultés je commence directement par le 1er jeu pour qu’ils découvrent les mots-cibles et travaillent d’abord la décomposition en syllabes.

Avec les plus grands je vais au contraire commencer par le 2nd jeu qui oblige à faire de la combinatoire syllabique. Le fait qu’ils ne connaissent pas les mots-cibles utilisés dans le jeu court-circuite les stratégies faisant appel à la mémoire. Par ailleurs le temps limité pour trouver un mot (30s) est stimulant pour les patients car assez bien calibré.

Enfin il est maintenant de plus en plus fréquent que des parents me demandent des idées d’applications à télécharger sur la tablette familiale pour poursuivre le travail effectué en rééducation et celle-ci fait partie sans hésiter de celles que l’on peut conseiller !

memo_rebus1Et vous ? Avez-vous d’autres idées/astuces pour l’utilisation de cette application en orthophonie ?

Utiliser la dictée vocale pour écrire ses comptes-rendus

Me revoilà après quelques semaines d’absence, mais c’était pour la bonne cause.

Tout d’abord, j’ai fait plusieurs présentations sur l’usage de la tablette en orthophonie d’une manière générale, sur les outils de compensation pour les dys sur tablette et enfin sur les outils de communication alternative et augmentative sur l’iPad. Mine de rien, cela prend du temps à préparer !

Ma deuxième excuse, et non des moindres, c’est qu’à force de jouer de la souris et du clavier j’ai attrapé une belle tendinite au poignet. En fait, ce n’est pas une nouveauté, cette tendinite est apparue pour la première fois il y a environ un an et se manifeste depuis régulièrement.

Mon problème, c’est que je peux difficilement me passer d’ordinateur au quotidien, certes plus facilement qu’un informaticien, mais tout de même… En particulier, j’ai comme tout orthophoniste qui se respecte une belle quantité de comptes-rendus de bilans à rédiger. Comment faire quand taper au clavier devient douloureux ?

Eh bien je dois dire que j’ai trouvé un outil de compensation relativement efficace : la dictée vocale (aussi appelée reconnaissance vocale) !

dictee vocale

Comment ça marche ?

La dictée vocale est un outil qui permet de transformer un texte dicté à l’oral en texte écrit. Pour cela, il vous faut un logiciel de dictée vocale ainsi qu’un bon micro casque. (Il existe aussi des applications sur smartphone ou tablette).

Après installation du logiciel, une première étape un peu longue et pénible vous sera proposée : il s’agit d’adapter le logiciel à votre voix particulière. Cela passe pour vous par la lecture à voix haute d’un texte affiché à l’écran.

Une fois ce travail effectué, le logiciel est capable de reconnaître le texte que vous lui dictez.

Bien entendu, ce n’est pas magique, il y a parfois des erreurs. Cela demande un petit temps d’adaptation de notre part, il faut ôter de notre parole tous les petits mots de remplissage que l’on utilise habituellement à l’oral, sous peine de les voir s’afficher à l’écran. De plus, il faut également penser à dire à haute voix la ponctuation, mais si vous avez l’habitude de nos dictées de bilan, ce ne sera pas trop difficile.

Est-ce que l’on gagne du temps ?

Je dirais que pour vos premiers comptes-rendus dictés, vous ne gagnerez pas beaucoup de temps car il faut s’adapter au fonctionnement du logiciel. Pour l’aider à reconnaître les termes techniques que vous employez, vous pouvez lui demander d’apprendre du vocabulaire à partir de comptes-rendus que vous avez déjà rédigés.

À l’usage, je dirais que je gagne entre 20 et 30 % de temps de rédaction par rapport à une frappe au clavier. Si vous êtes lents pour taper au clavier, vous pouvez gagner encore plus de temps.

Quels sont les inconvénients ?

Le principal inconvénient pour moi, est l’apparition d’erreurs que je n’aurais pas faites et donc la nécessité d’une relecture beaucoup plus attentive du compte rendu ou du document avant diffusion.

Par ailleurs, on reste un peu bête avec son casque à parler à son ordinateur, surtout de manière saccadée avec des morceaux de phrases par-ci par-là.

Enfin en été, je ne peux pas travailler la fenêtre ouverte car le bruit ambiant est trop important et le logiciel ne reconnaît plus bien ce que je dis.

Quels sont les logiciels existants ?

En ce qui me concerne, j’utilise Dragon Naturally Speaking dans sa version 11. La version 12 est sortie depuis environ un an. Si vous investissez dans ce logiciel, sachez que la version de base (Home) est largement suffisante.

Par ailleurs, j’ai suivi il y a quelques semaines une formation avec l’excellent Yvon Blais qui nous a appris qu’il existait une dictée vocale gratuite inclue dans Windows 7 et 8. Pour la trouver, tapez tout simplement « reconnaissance vocale » dans le champ de recherche Windows.

Et pour les patients dyslexiques, ça fonctionne bien ?

Je ne l’ai personnellement pas encore mis en place avec des patients dyslexiques. Cependant, la principale difficulté à laquelle ils vont être confrontés sera la première étape d’adaptation du logiciel avec le texte à lire. Plusieurs éditeurs ont essayé de contourner cette difficulté en proposant des adaptations plus simples comme dans les logiciels SpeakQ et Medialexie.

Dans tous les cas, la dictée vocale n’est pas un outil miracle, la proposer comme outil de compensation à un patient ne s’improvise pas. Il est indispensable que cela fasse parti d’un plan thérapeutique précis, argumenté, et surtout personnalisé pour le patient en question.

Ceci étant, si vous l’avez testé vous-même vous serez plus à même de le conseiller ou de le déconseiller à vos patients.

Et vous ? Avez-vous déjà utilisé un logiciel de dictée vocale ? En êtes-vous satisfait ? Trouvez-vous que vous gagnez du temps dans la rédaction de vos documents ?