Synthèse du colloque « Enfants Mut@ants »

Le colloque « Enfants Mut@nts, révolution numérique et variations de l’enfance » s’est déroulé à Paris du 17 au 19 octobre 2013.

J’avais très hâte d’assister à ces journées de conférences organisées par l’APPEA (Association francophone de Psychologie et Psychopathologie de l’Enfant et l’Adolescent) car le thème me semblait vraiment porteur.

Les 3 jours ont en effet été très riches et je vais tenter de vous en proposer une synthèse ici, vue au travers de mon prisme d’orthophoniste trentenaire.

Génération X, Y et Z

Commençons donc si vous le voulez bien par évoquer les différentes générations : générations X, génération Y, génération Z, digital natives… Ces termes ont été évoqués à plusieurs reprises durant le colloque, et font plutôt débat.

On aurait ainsi tendance à donner des définitions associées à des classes d’âge, en situant par exemple la génération X au-dessus de 30 ans et la génération Y juste en dessous mais en réalité tout le monde s’accorde à dire qu’il y a de grandes disparités entre les individus, y compris au sein d’une même classe d’âge.

Pour ce qui est de la génération Z, ou « digital native » plusieurs intervenants nous ont alertés sur les dangers inhérents à ce terme. Gare au « syndrome d’Obélix » nous dit Pascal Plantard : ce n’est pas parce qu’ils ont été plongés dedans dès leur plus jeune enfance que l’on n’a rien besoin de leur enseigner.

Benoit Thieulin a aussi rappelé que l’on utilise encore parfois l’expression « fracture numérique », or ce terme qui a plus d’une dizaine d’années fait surtout référence à des différences en terme d’équipement informatique, alors que le principal schisme aujourd’hui concerne l’appropriation des techniques.

Le développement du cerveau

Des études contradictoires nous ont aussi été présentées en ce qui concerne les effets des écrans sur le développement du cerveau. On peut constater que ces éventuels « mutations » sont très controversées parmi les chercheurs présents, avec les radicaux anti-écran d’un côté, les plus positifs voyant les écrans comme un nouvel outil de communication, prolongement de la pensée humaine ; en passant par les modérés (comme Serge Tisseron), partisans d’une utilisation contrôlée et parcimonieuse des écrans au long du développement.

Ce que j’en ai retenu c’est que le cerveau des jeunes enfants commence par se développer en lien avec tout ce qui est de l’ordre du tactile. Pas de quoi s’extasier devant un bébé qui maitrise rapidement l’utilisation d’une télécommande ou d’une tablette nous dit Sophie Jehel, c’est le point fort de son cerveau.

Nous avons aussi beaucoup parlé des différentes formes d’intelligences. Ont principalement été opposées les notions d’intelligence cristallisée (littéraire, séquentielle, lente et profonde) et d’intelligence fluide (numérique, simultanée, rapide et multitâche). Cela correspond à des styles cognitifs différents. On ne fonctionne pas en stades de développement mais on opère des choix stratégiques différents selon les moments. D’ailleurs selon Olivier Houdé si les jeunes arrivent à jongler entre ces deux formes d’intelligence ils feront des merveilles.

Des usages particuliers différents

Les usages numériques des adolescents sont parfois différents des nôtres mais ils sont en phase à la fois avec la structure commerciale du web et avec l’évolution sociétale (Sophie Jehel). C’est à dire qu’ils sont justement sensibles par nature à ce qui fait l’essence même du web : prégnance des images sur l’écrit, simplicité d’utilisation, affectivité et personnalisation…

Par contre ils ne savent pas forcément se servir des différents outils disponibles sur le web, « ils utilisent Facebook pour tout ».

Pascal Plantard nous a également décrit trois notions importantes au niveau des usages numériques d’une manière générale : le braconnage, le bricolage et le butinage.

On a besoin d’évaluations scientifiques

Actuellement les débats sur le numérique sont plus idéologiques que scientifiques, comme le rappelait Elena Pasquinelli lors de sa présentation (et d’ailleurs cela s’est globalement ressenti tout au long du colloque). Or nous avons besoin d’évaluations pour avancer.
Philippe Breton nous a exposé 3 raisons pour lesquelles nous n’arrivons pas à nous lancer dans l’évaluation actuellement : le présentisme, le déterminisme technique et l’approche utopique de la communication.

Benoit Thieulin, le président du Conseil National du Numérique, insistait aussi sur le fait que les deux domaines les plus en retard sur la question du numérique sont la santé et l’éducation, alors que selon lui ce sont des domaines dans lesquels le numérique a de l’avenir.

Alors quelles conséquences pour l’éducation ?

Le monde numérique dans lequel nous vivons génère des changements majeurs dans la manière dont les jeunes appréhendent les apprentissages. La connaissance est maintenant externalisée, toutes les informations peuvent se trouver sur internet. Il n’est d’ailleurs plus temps de se demander si cette évolution va avoir lieu ni comment elle aura lieu. Maintenant il faut que les enseignants s’adaptent à ce nouveau mode de pensée.

Ceci passe par des changements dans les manières d’enseigner. Il n’est plus possible de se présenter comme des détenteurs d’un savoir dans une relation verticale. Désormais il faut plutôt accompagner les jeunes dans leurs apprentissages. Le terme de compagnonnage a même été évoqué durant le colloque. Il s’agit d’apprendre aux jeunes à s’adapter à l’incertitude du monde plutôt que de leur faire engranger de nouvelles connaissances.

On entend parfois des enseignants se plaindre de leurs étudiants/élèves qui rendent des devoirs tous identiques copiés-collés de Wikipédia. Quelle solution alors ? Changer de modèle d’enseignement et d’évaluation des connaissances, par exemple en pratiquant la classe inversée.

Selon Benoît Virole apprendre comment on se sert des accès à la connaissance sur le web devrait être la visée de l’école.

Et quelles conséquences pour le soin ?

Selon Patrice Huerre il est important pour les thérapeutes de prendre en compte  la relation du patient aux outils numériques dans l’analyse clinique.

Il est d’ailleurs aussi inquiétant d’entendre un ado affirmer être « anti-numérique » que de se rendre compte qu’il a une addiction aux jeux vidéos.

En tant que soignants nous ne pouvons plus non plus nous comporter comme seuls détenteurs du savoir.

Certains patients vont arriver avec une idée de diagnostic parce qu’ils se seront renseignés sur internet avant de venir. Il est important d’accueillir cela et de ne pas nous sentir agressé en tant que soignant par cette attitude. Au contraire, il nous faut rebondir sur cette occasion, et demander par exemple plutôt au patient/parent quelle a été sa démarche de recherche (mots-clés ou phrase tapée dans le moteur de recherche), sur quel site il a trouvé les informations, pourquoi il s’est informé dans ce sens, etc… Déjà cela peut être intéressant pour nous (enrichissement de nos propres connaissances sur le sujet) mais cela nous renseigne également énormément sur le mode de fonctionnement du patient/parent.

Quel type d’écran et à quel âge ?

Lors de ce colloque un point qui est revenu régulièrement est la nécessité d’aider les enfants à s’autoréguler face aux écrans.

Pour aider les parents et les éducateurs dans cet accompagnement la règle du 3-6-9-12 est proposée par certains professionnels dont Serge Tisseron :

  • pas de télé avant 3 ans,
  • pas de console de jeu individuelle avant 6 ans
  • pas d’Internet seul avant 9 ans
  • pas de réseaux sociaux avant 12 ans.

Ma veille sur le sujet m’avait bien entendu amenée à entendre parler de ces règles il y a déjà plusieurs mois mais je n’étais pas allée lire en détails l’argumentation de Serge Tisseron. Cette fois-ci je l’ai écouté attentivement et il m’a convaincue ! Le cadre qu’il propose n’est pas figé contrairement à ce que je croyais et surtout il permet d’avoir des repères. L’intérêt de ce programme, c’est la préservation de la notion de « temporalité », facilement absente avec les écrans, qui est suivie et préservée.

Elena Pasquinelli disait par ailleurs qu’il est normal que les enfants soient attirés par les écrans : c’est comme du sucre pour le cerveau ! De la même manière que nous restreignons leur consommation de bonbons et gâteaux pour leur santé il faut en faire de même pour leur consommation d’écrans.

Enfin cette dernière nous a présenté un projet pédagogique de « La Main à la Pâte » sur les écrans, le cerveau et l’enfant. Nathalie de DeclicKids en avait fait un article très intéressant sur son site il y a déjà quelques mois que je vous encourage à lire si vous êtes enseignant du primaire.

Conclusions pour ma pratique orthophonique

Voici en vrac quelques conclusions pour ma pratique quotidienne de l’orthophonie et pour mon implication personnelle dans le développement du numérique :

  1. Il est vraiment important que je prenne le temps d’afficher dans ma salle d’attente le poster 3-6-9-12. Cela permettra d’entamer le débat sur les écrans avec certains parents.
  2. Je vais systématiquement poser la question du rapport aux écrans lors de mes bilans initiaux.
  3. Même si je propose déjà du travail sur écrans (tablette et/ou ordinateur) à quasiment tous mes patients quel que soit leur âge, je suis plus armée maintenant pour justifier mes choix auprès des parents ou collègues réfractaires. Je sais aussi que j’allais dans la bonne direction dans le sens où ce n’est absolument pas un outil exclusif dans ma pratique, que c’est toujours un usage accompagné, et que mes patients manipulent beaucoup « en vrai » à côté de ce qu’ils font sur la tablette.
  4. Il me semble évident qu’en tant que thérapeutes de la communication nous avons un rôle à jouer pour accompagner certains patients ados dans la gestion de leur identité numérique, et de leur comportement sur internet d’une manière générale. Pour moi cela concerne au moins tous les patients souffrant de troubles de la pragmatique et de troubles envahissants du développement.
  5. Finalement nous modélisons pour les parents des temps de lecture avec leur enfant, des temps de jeu partagé (lotos, memorys, jeux de l’oie), pourquoi ne modéliserions-nous pas également des temps de jeu partagé sur la tablette ou l’ordinateur ? Après tout cela fait partie de leur quotidien, et après les fêtes de fin d’année le nombre de foyers équipés en tablette devrait encore augmenter. Certains parents ont besoin d’aide pour accompagner leur enfant, pour apprendre à jouer avec eux, et si cela passe par le biais d’une tablette pourquoi pas ? Pour les enfants la tablette est surtout intéressante dans le cadre d’un usage partagé avec le parent, et pas dans le « travail individuel ». Il ne faut pas que chacun oublie son rôle, le numérique ne fera pas tout.
  6. Grâce à ce colloque je reste convaincue que mon envie/ma place dans le monde de l’orthophonie tourne autour de la question du numérique. Que ce soit dans l’accompagnement de mes collègues à l’appropriation de ces outils (dédiabolisation, démystification, aide technique…) ou dans leur introduction auprès de notre patientèle. Je suis très contente également de m’être lancée dans l’encadrement d’un mémoire d’orthophonie portant sur le numérique car je suis parfaitement d’accord avec Philippe Breton: nous manquons toujours de données et d’évaluations dans le domaine et il est grand temps de se bouger pour que cela change !

Pour aller plus loin

Voilà il y aurait encore de nombreuses choses à dire sur ce colloque mais je pense que je vais m’en tenir là.

Et vous ? Vous étiez au colloque et vous aviez noté d’autres choses importantes ? Vous avez des choses à rajouter ? Un avis sur la question ?

Vous n’y étiez pas et il y a des points que vous voulez que je développe ? N’hésitez pas à vous emparer des commentaires sur ce blog qui se veut aussi un espace de dialogue !

Par ailleurs pour ceux qui veulent (re)lire les tweets publiés lors du colloque vous trouverez le storify (c’est à dire la liste) ici : sfy.co/rGOs . Le mot-clé qui avait été choisi était #emutants .

Vous pouvez également (re)voir les conférences de Serge Tisseron et Serge Soudouplatoff sur internet grâce à la Maif qui était partenaire de l’événement.

Enfin un grand merci à Emilie Lacroix, neuropsychologue belge et coordinatrice du centre thérapeutique Innova Square qui était également présente au colloque et qui a accepté de relire cette synthèse avant publication !

Utiliser la dictée vocale pour écrire ses comptes-rendus

Me revoilà après quelques semaines d’absence, mais c’était pour la bonne cause.

Tout d’abord, j’ai fait plusieurs présentations sur l’usage de la tablette en orthophonie d’une manière générale, sur les outils de compensation pour les dys sur tablette et enfin sur les outils de communication alternative et augmentative sur l’iPad. Mine de rien, cela prend du temps à préparer !

Ma deuxième excuse, et non des moindres, c’est qu’à force de jouer de la souris et du clavier j’ai attrapé une belle tendinite au poignet. En fait, ce n’est pas une nouveauté, cette tendinite est apparue pour la première fois il y a environ un an et se manifeste depuis régulièrement.

Mon problème, c’est que je peux difficilement me passer d’ordinateur au quotidien, certes plus facilement qu’un informaticien, mais tout de même… En particulier, j’ai comme tout orthophoniste qui se respecte une belle quantité de comptes-rendus de bilans à rédiger. Comment faire quand taper au clavier devient douloureux ?

Eh bien je dois dire que j’ai trouvé un outil de compensation relativement efficace : la dictée vocale (aussi appelée reconnaissance vocale) !

dictee vocale

Comment ça marche ?

La dictée vocale est un outil qui permet de transformer un texte dicté à l’oral en texte écrit. Pour cela, il vous faut un logiciel de dictée vocale ainsi qu’un bon micro casque. (Il existe aussi des applications sur smartphone ou tablette).

Après installation du logiciel, une première étape un peu longue et pénible vous sera proposée : il s’agit d’adapter le logiciel à votre voix particulière. Cela passe pour vous par la lecture à voix haute d’un texte affiché à l’écran.

Une fois ce travail effectué, le logiciel est capable de reconnaître le texte que vous lui dictez.

Bien entendu, ce n’est pas magique, il y a parfois des erreurs. Cela demande un petit temps d’adaptation de notre part, il faut ôter de notre parole tous les petits mots de remplissage que l’on utilise habituellement à l’oral, sous peine de les voir s’afficher à l’écran. De plus, il faut également penser à dire à haute voix la ponctuation, mais si vous avez l’habitude de nos dictées de bilan, ce ne sera pas trop difficile.

Est-ce que l’on gagne du temps ?

Je dirais que pour vos premiers comptes-rendus dictés, vous ne gagnerez pas beaucoup de temps car il faut s’adapter au fonctionnement du logiciel. Pour l’aider à reconnaître les termes techniques que vous employez, vous pouvez lui demander d’apprendre du vocabulaire à partir de comptes-rendus que vous avez déjà rédigés.

À l’usage, je dirais que je gagne entre 20 et 30 % de temps de rédaction par rapport à une frappe au clavier. Si vous êtes lents pour taper au clavier, vous pouvez gagner encore plus de temps.

Quels sont les inconvénients ?

Le principal inconvénient pour moi, est l’apparition d’erreurs que je n’aurais pas faites et donc la nécessité d’une relecture beaucoup plus attentive du compte rendu ou du document avant diffusion.

Par ailleurs, on reste un peu bête avec son casque à parler à son ordinateur, surtout de manière saccadée avec des morceaux de phrases par-ci par-là.

Enfin en été, je ne peux pas travailler la fenêtre ouverte car le bruit ambiant est trop important et le logiciel ne reconnaît plus bien ce que je dis.

Quels sont les logiciels existants ?

En ce qui me concerne, j’utilise Dragon Naturally Speaking dans sa version 11. La version 12 est sortie depuis environ un an. Si vous investissez dans ce logiciel, sachez que la version de base (Home) est largement suffisante.

Par ailleurs, j’ai suivi il y a quelques semaines une formation avec l’excellent Yvon Blais qui nous a appris qu’il existait une dictée vocale gratuite inclue dans Windows 7 et 8. Pour la trouver, tapez tout simplement « reconnaissance vocale » dans le champ de recherche Windows.

Et pour les patients dyslexiques, ça fonctionne bien ?

Je ne l’ai personnellement pas encore mis en place avec des patients dyslexiques. Cependant, la principale difficulté à laquelle ils vont être confrontés sera la première étape d’adaptation du logiciel avec le texte à lire. Plusieurs éditeurs ont essayé de contourner cette difficulté en proposant des adaptations plus simples comme dans les logiciels SpeakQ et Medialexie.

Dans tous les cas, la dictée vocale n’est pas un outil miracle, la proposer comme outil de compensation à un patient ne s’improvise pas. Il est indispensable que cela fasse parti d’un plan thérapeutique précis, argumenté, et surtout personnalisé pour le patient en question.

Ceci étant, si vous l’avez testé vous-même vous serez plus à même de le conseiller ou de le déconseiller à vos patients.

Et vous ? Avez-vous déjà utilisé un logiciel de dictée vocale ? En êtes-vous satisfait ? Trouvez-vous que vous gagnez du temps dans la rédaction de vos documents ?

Les 3 raccourcis qui vous feront gagner du temps pour vos comptes-rendus

Il y a quelques mois, j’avais préparé pour vous un petit article expliquant comment on pouvait naviguer dans une page simplement à l’aide des touches du clavier.

Mais saviez-vous qu’il existe également des combinaisons de touches vous permettant d’effectuer des actions encore plus facilement ?

Typiquement, lorsque je rédige un compte-rendu j’ai deux fenêtres ouvertes sur mon ordinateur :

Je navigue sans cesse de l’un à l’autre, en faisant des copiers-collers des différents résultats. Les 3 raccourcis dont je vais vous parler aujourd’hui servent donc à :

  • copier
  • coller
  • se déplacer d’une fenêtre Windows à une autre

Copier du texte ou une image

Pour copier du texte ou une image, sélectionnez l’item à copier, puis maintenez la touche CTRL enfoncée pendant que vous appuyez sur la touche C (ce raccourci s’écrit aussi CTRL+C).

Coller du texte ou une image

Pour coller du texte ou une image, positionnez vous à l’endroit choisi, puis maintenez la touche CTRL enfoncée pendant que vous appuyez sur la touche V (ce raccourci s’écrit aussi CTRL+V).

Se déplacer d’une fenêtre Windows à une autre

Pour vous déplacer facilement d’une fenêtre Windows à une autre, maintenez la touche ALT enfoncée pendant que vous appuyez sur la touche TAB. Vous basculerez alors de la fenêtre en cours à celle qui est placée juste au-dessous. Refaites la même manipulation pour revenir à la première fenêtre.

Si vous souhaitez vous déplacer sur une autre fenêtre que celle qui se situe juste au-dessous, maintenez la touche ALT enfoncée et appuyez plusieurs fois sur la touche TAB. Vous pourrez ainsi naviguer parmi toutes les fenêtres ouvertes sur votre PC !

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[Tutoriel] Calculer automatiquement des écart-types à l’aide d’une feuille de calcul

Je pense que pour vous comme pour moi, rédiger des comptes-rendus de bilan n’est pas une partie de plaisir. Je pensais qu’avec les années j’arriverais à les faire de plus en plus rapidement, mais ce n’est pas vraiment le cas.

J’ai quand même 3 astuces principales pour gagner un peu de temps :

  • utiliser des modèles de comptes-rendus,
  • utiliser un logiciel de dictée vocale (tutoriel à venir sous peu),
  • utiliser des feuilles de calculs pour analyser les résultats des épreuves,

En ce qui concerne ces dernières, je sais qu’elles circulent régulièrement sur les réseaux, vous pouvez trouver par exemple certains tableaux sur Pontt. Mais l’une de mes lectrices m’a demandé aujourd’hui comment elle pouvait rentrer les formules dans Excel pour en créer elle-même.

Utiliser Libre Office pour calculer automatiquement les écart-types à partir des notes brutes

Voici donc un petit tutoriel créé avec l’outil Classeur de Libre Office (fonctionne exactement de la même manière avec Microsoft Excel, sauf mention contraire de ma part)

Tout d’abord il faut créer un tableau « classique » avec les colonnes suivantes : nom de l’épreuve, note brute du patient, écart-type du patient, moyenne de la population, écart-type de la population.

Ensuite vous allez reporter les données de votre tableau papier dans votre feuille de calcul (bien vous relire pour vérifier qu’il n’y a pas d’erreur de frappe).

Il s’agit maintenant de créer la formule qui va calculer l’écart-type du patient en fonction de sa note brute, de la moyenne et de l’écart-type de la population. Pour cela :

  • Placez-vous dans la première case de votre colonne « écart-type du patient » (ici C2).
  • Tapez le signe égal, ouvrez une parenthèse puis cliquez sur la première case de votre colonne « note brute du patient » (ici B2).
  • Tapez le signe – et cliquez sur la première case de la colonne « moyenne de la population » (ici D2).
  • Fermez la parenthèse, tapez le signe /, puis cliquez sur la première case de la colonne « écart-type de la population » (ici E2).
  • Vous devez maintenant obtenir une formule du type        =(B2-D2)/E2
  • Validez en appuyant sur Entrée

Vous pouvez maintenant vérifier que votre formule fonctionne bien en testant différentes valeurs dans la première case de votre colonne « note brute » (ici B2) et voir les effets sur votre écart-type nouvellement calculé.

Pour les lignes suivantes le travail va être beaucoup plus simple, il ne vous reste plus qu’à vous placer dans le coin inférieur droit de la case dans laquelle vous aviez créé votre formule jusqu’à ce que votre curseur se transforme en une croix. Cliquez à cet endroit-là, et faites glisser votre curseur sur les cases en dessous en maintenant le bouton de la souris appuyé. Et voilà, la formule a été recopiée vers le bas, et le nom des cellules s’est automatiquement ajusté.

Si on vérifie, dans la case C3, la formule est donc =(B3-D3)/E3 et dans la case C4 =(B4-D4)/E4

Si vous souhaitez enlever des décimales dans l’affichage de vos résultats, cliquez tout simplement sur la petite icône surlignée en jaune sur l’image suivante.

Changer la couleur du fond d’une case en fonction du résultat

Pour aller plus loin, il est possible de formater un peu les résultats pour que les épreuves très chutées soient mises en valeur.

Dans Libre Office

Sélectionnez les cases concernées et cliquez sur « Format » > « Formatage conditionnel ».

Complétez les cases tel qu’indiqué dans la copie d’écran ci-dessous (en changeant les valeurs si vous souhaitez en utiliser d’autres).

Pour changer le remplissage de la cellule il va falloir créer un Nouveau Style, et dans le menu qui apparait choisir une couleur d’arrière-plan.

Validez et désormais la couleur de votre case changera automatiquement, en jaune pour les résultats compris entre -1,5 et -2 ET, et en rouge pour ceux inférieurs à -2 ET.

Dans Microsoft Excel

Sélectionnez les cases concernées et cliquez sur « Mise en forme conditionnelle » > « Nouvelle règle ».

Complétez les cases tel qu’indiqué dans la copie d’écran ci-dessous (en changeant les valeurs si vous souhaitez en utiliser d’autres).

Validez et désormais un petit feu tricolore s’affichera automatiquement dans votre case, en vert si le résultat est supérieur à -1,5 ET, en jaune s’il est compris entre -1,5 et -2 ET, et en rouge s’il est inférieur à -2 ET.

Pour enregistrer vos tableaux d’étalonnage pensez à utiliser les modèles de documents (extension .ots sous Libre Office, .xlt ou .xltx avec Microsoft Excel).

Voilà, j’espère que ce tutoriel vous aura aidé à créer de belles feuilles de calcul et vous permettra de gagner du temps dans l’analyse des résultats de vos patients.

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La protection de vos données numériques

Comme nous l’avons vu il y a quelques temps, la grande majorité des orthophonistes est aujourd’hui équipée d’un ordinateur à usage professionnel, sur lequel est au moins installé un logiciel de gestion et de télétransmission. Et qui dit logiciel de télétransmission, dit informations sur les patients, et donc fichier informatique à déclarer à la CNIL.

Or il se trouve que la personne responsable de ce fichier informatique, c’est à dire vous, est aussi obligée de par la loi à prendre toutes les mesures requises contre sa destruction accidentelle ou non autorisée, sa perte accidentelle ou sa modification. Elle se doit également de sécuriser l’accès aux données et de garantir leur intégrité par rapport à d’autres éventuels traitements non autorisés. (Source)

C’est ce dernier point que je souhaitais aborder avec vous ce soir. Il est en effet indispensable que vous preniez des mesures de précautions élémentaires pour protéger les données de vos patients (et les vôtres également par la même occasion).

Configurer un mot de passe au démarrage de votre ordinateur

La première mesure incontournable est la configuration d’un mot de passe au démarrage de votre machine. Si quelqu’un s’introduit dans votre bureau, il ne doit pas pouvoir être en mesure d’accéder facilement à vos données. Cela parait évident, mais je connais bon nombre d’orthophonistes qui ne l’ont pas (encore) fait.

Sous Windows 7 (et certainement les versions antérieures de Windows encore en service, à savoir Vista et XP) le menu se trouve dans : panneau de configuration > comptes utilisateurs > modifier votre mot de passe Windows.

Certains ordinateurs sont également équipés d’un lecteur d’empreinte digitale.

Configurer un mot de passe à l’ouverture de votre logiciel de gestion

De la même manière, vous pouvez configurez un mot de passe supplémentaire qui permet le lancement de votre logiciel de gestion (et en mettre un autre au lancement de l’application iPad/iPhone liée à votre logiciel de gestion).

Crypter les données sur les supports externes

Si vous faites des sauvegardes de vos données (compte-rendus de bilan par exemple) il faut faire en sorte qu’en cas de perte ou de vol de votre clé usb ou disque dur externe (petits et donc plus faciles à faire disparaitre) la personne qui mettra la main sur votre support de données ne pourra pas lire ces dernières.

Pour cela il suffit tout simplement d’installer un logiciel de cryptage, comme par exemple TrueCrypt (voir les conseils d’Orthophonie Libre dans les commentaires de ce billet) ou de configurer votre logiciel de sauvegarde pour qu’il le fasse lui-même (onglet « archive dans Cobian Backup). Là encore, un mot de passe vous sera demandé lorsque vous connecterez le support externe à votre ordinateur.

Préserver la confidentialité de vos mots de passe et codes PIN

Ne laissez pas un post-it à côté de votre ordinateur avec le code porteur de votre CPS !! Dans la théorie votre CPS ne devrait d’ailleurs pas rester dans votre lecteur en permanence, mais devrait être rangée en lieu sûr lorsque vous ne vous en servez pas.
Si quelqu’un s’empare de votre CPS et de votre code porteur qui sait ce qu’il pourrait en faire…

Si vous avez peur de ne pas retenir le code porteur de votre CPS sachez que vous pouvez le changer (contacter l’assistance technique de votre logiciel de gestion pour savoir comment le faire).

Choisir un mot de passe robuste

Comme cela a été signalé dans les commentaires de ce billet, il est important de choisir des mots de passes robustes :

  • avec 8 caractères au minimum
  • contenant des minuscules, des majuscules, des chiffres et des caractères spéciaux,

Plus de données à ce sujet ici.

Protéger vos appareils mobiles

Si vous possédez un smartphone, vous l’avez très certainement configuré pour pouvoir accéder à votre messagerie électronique et éventuellement à votre agenda. De plus vous avez peut-être quelques numéros de patients dans votre carnet de contacts.
Là encore, il va donc falloir mettre en place un code de déverrouillage lorsque votre téléphone sort de veille.

Pour tout vous dire je ne l’avais pas fait sur mon premier smartphone et je me le suis fait voler en soirée (avec tout le reste du contenu de mon sac à main). Les petits malins ont passé quelques heures à appeler l’ensemble des contacts féminins de mon carnet d’adresse. Je peux vous dire que cela m’a bien refroidie (et pourtant aucune donnée professionnelle n’y était stockée).

Pensez tout simplement à votre boîte mail sur laquelle vous recevez des messages reprenant les mots de passe que vous utilisez fréquemment…

Il existe plusieurs sortes de codes de déverrouillage allant d’un code à 4 chiffres à un mot de passe alphanumérique en passant par un schéma de verrouillage (sous android par exemple).

Sous iOs (pour les iphones et les ipad) vous pouvez également installer l’application « localiser mon iPhone » et configurer iCloud pour pouvoir le cas échéant localiser votre appareil, et si nécessaire en effacer toutes les données à distance.

Des contraintes indispensables

Configurer et retenir tous ces mots de passe peut paraître contraignant mais il s’agit vraiment d’une protection de base de vos données, et surtout de celles de vos patients.
Je vous rappelle que vous pouvez tout à fait être poursuivi en justice par des patients si leurs données se retrouvaient dans la nature et que vous n’aviez visiblement rien fait pour les protéger (comment le prouver ensuite dans un sens ou dans l’autre ça par contre je ne le sais pas, il faudrait demander à un juriste).

Mais une protection qui reste relative

Sachez enfin que si quelqu’un cherche vraiment à accéder à vos données il pourra toujours trouver un moyen de contourner les mesures de protection que vous aurez mises en place (pensez à toutes les fictions que vous avez pu lire ou voir).
Ce qui est surtout important c’est qu’un utilisateur lambda ne puisse pas accéder facilement.

Ex : vous laissez tomber votre clé usb dans la rue, quelqu’un (qui n’est pas forcément mal intentionné) la ramasse et la branche sur son ordinateur. Il est hors de question qu’il puisse lire vos compte-rendus de bilan ! Par contre c’est moins gênant s’il formate le disque (=efface toutes les données) et l’utilise ensuite pour son propre compte.

Et vous ? Protégez-vous déjà vos données ?

  • Si oui, comment ?
  • Si non, vous ai-je convaincu de prendre 5 minutes pour configurer tous ces mots de passe ?

(Auteur du pictogramme : Sergio Palao Provenance: ARASAAC (http://catedu.es/arasaac/ Licence: CC (BY-NC-SA)).
Edit du 27 mai : lien vers le logiciel TrueCryp, ajout d’un paragraphe sur le choix d’un mot de passe

[Tutoriel] Sauvegarder vos données

Si vous possédez un ordinateur à usage professionnel vous avez sûrement tout un tas de données importantes qui y sont stockées, en premier lieu celles de votre logiciel de télétransmission, mais également vos comptes-rendus de bilans, et éventuellement le matériel que vous avez créé ou que vous avez récupéré à droite et à gauche.

Malheureusement un ordinateur n’est pas un outil infaillible et il finira par vous lâcher un jour ou l’autre, certainement le jour où vous en aurez le plus besoin.

Il existe donc plusieurs solutions pour sauvegarder vos données et les récupérer en cas de panne/vol/casse de votre ordinateur.

Ainsi, il est par exemple possible de stocker vos documents « dans le nuage », c’est à dire de les synchroniser automatiquement sur internet avec un compte dropbox par exemple. Vos dossiers sont alors conservés sur les serveurs de cette société, et vous pouvez y accéder de n’importe quel endroit. De plus, la synchronisation se fait toute seule à intervalle de temps régulier.

Malgré tous ces avantages j’ai une certaine réticence à confier mes documents professionnels à une société externe, en particulier ceux qui concernent mes patients. N’oublions pas que nous sommes tenus au secret médical et que nous devons donc prendre toutes nos précautions pour que nos données soient sécurisées.

Je préfère donc de beaucoup une sauvegarde locale, c’est à dire sur un disque dur externe, que je maitrise de A à Z. Pour autant, il n’est pas question de copier/coller manuellement chaque fichier, il existe des logiciels qui organisent très facilement la sauvegarde et c’est ce que je souhaite vous montrer aujourd’hui.

Je vous propose donc de mettre en place deux sauvegardes différenciées : l’une quotidienne pour les dossiers des patients, et l’autre mensuelle pour ce qui est de l’ensemble de vos documents.

Le logiciel que j’utilise s’appelle Cobian Backup et je vais vous présenter la version 10 (Boletus).

Pour commencer il faut tout d’abord télécharger le logiciel (attention la version 11 est une version bêta, c’est à dire qu’elle peut encore contenir des bugs, je vous conseille donc de télécharger la version 10) et l’installer.

Je vous suggère de ne pas garder les options par défaut et d’installer Cobian Backup « comme une application, démarrage auto pour tout utilisateur ».

Il va ensuite falloir créer des tâches de sauvegarde, en cliquant sur « créer une nouvelle tâche » :

Voici les paramètres à choisir, sous-menu par sous-menu

  • Général : donner un nom à votre tâche (ex : dossiers patients), laisser toutes les options par défaut sauf le type de sauvegarde que vous pouvez changer en « incrémentiel » avec une complète chaque « 10 ». Ainsi, lors de la première utilisation Cobian Backup sauvegardera tous les fichiers que vous lui avez indiqués. La fois suivante il vérifiera si le fichier a été modifié depuis la dernière sauvegarde, et si ce n’est pas le cas il ne le re-sauvera pas. Ceci permet de gagner du temps en évitant de copier chaque jour les fichiers non utilisés (chez moi une sauvegarde dure moins d’une minute).

  • Fichiers : c’est dans ce sous-menu que vous allez choisir quels fichiers vous souhaitez sauvegarder (source), et à quel endroit vous voulez mettre la sauvegarde (destination). Un simple glisser-déposer depuis l’explorateur Windows suffit, ou alors vous pouvez cliquer sur « ajouter ». Ici par exemple j’ai choisi de sauvegarder tout mon dossier « patients » sur une clé usb qui ne sert qu’à cela.

  • Planification : pour la sauvegarde des dossiers patients je vous suggère d’opter pour une fréquence journalière, une heure avant la fin de votre journée de travail par exemple. Cobian Backup fera la sauvegarde automatiquement sans que vous ayez à vous en occuper (à la condition que votre clé usb soit bien branchée).

  • Archive, Exclusions, Événements et Avancés sont des sous-menus dont nous ne nous serviront pas pour cet exemple.

Il ne vous reste plus qu’à réitérer la procédure pour créer une nouvelle tâche incluant tous vos documents, en choisissant éventuellement un autre lieu de stockage et en prenant une fréquence mensuelle.

Normalement le logiciel se lancera désormais à chaque démarrage de Windows. Si votre clé usb ou votre disque dur externe est bien branché vous n’aurez à vous occuper de rien et vous aurez une sauvegarde récente le jour où vous en aurez besoin !

Si vous avez des difficultés à utiliser le logiciel ou si vous voulez en savoir plus je vous invite à consulter l’aide et le tutoriel de mise en route. Je peux également répondre aux questions qui seront posées dans les commentaires ou sur la page Facebook d’Ortho & Co.