Annoter des .pdf sur tablette

Lorsque la première tablette tactile est sortie, l’iPad 1, j’ai tout de suite imaginé les usages possibles en rééducation orthophonique. Le premier d’entre eux était l’affichage et la manipulation de fichiers au format .pdf.

Je vous ai déjà montré il y a quelque temps comment je procédais pour afficher sur l’iPad des .pdf stockés dans Dropbox. Cependant, dans mon imaginaire, j’aurais été à même de limiter grandement toutes mes impressions de fiches au cabinet. Pour cela, il me fallait une application permettant d’efficacement annoter des .pdf et de les sauvegarder sur mon ordinateur.

C’est chose faite depuis que j’utilise neu.Annotate+ PDF (1,79€), une application découverte via le blog d’un orthophoniste américain. Cette application permet d’annoter des .pdf sur la tablette, en y ajoutant du texte manuscrit, du texte saisi au clavier, en entourant, surlignant ou coloriant des items, et enfin en insérant des éléments graphiques (photo de l’album ou tampons préenregistrés dans l’application).

neu.Annotate+ PDF - neu.Pen LLCLes +

  • la synchronisation avec Dropbox
  • la facilité d’utilisation
  • la possibilité de dupliquer des documents, et de les renommer avant de les sauvegarder

Les –

  • actuellement j’ai un bug à l’utilisation de la gomme qui fait systématiquement planter l’application

Comment je m’en sers en rééducation ?

Désormais, il m’arrive de ne plus imprimer de fiches d’exercices à l’intention de mes patients. Je leur propose ces dernières directement sur la tablette.

Par exemple, lorsque j’utilise l’excellent matériel « Irréguliers en texte » créé par Fany Wavreille et édité par OrthoEdition, je n’imprime plus les pages de recherche d’intrus. Je transfère ces dernières sur la tablette via Dropbox et les patients entourent directement les intrus à l’écran. Ceci me permet de garder un support de lecture horizontal, mais de ne pas avoir à « gâcher » plusieurs feuilles de papier par séance.
De la même manière, je trouve que le texte est écrit en trop petits caractères dans l’exercice de séparation des mots. Sur la tablette, le problème est résolu en zoomant un peu.

Si je le souhaite, je peux ensuite garder une trace des productions de mes patients en retransférant le document sous un autre nom dans Dropbox. Attention, je considère que ces derniers ne sont pas des documents « confidentiels » dans le sens où ils ne contiennent pas d’informations nominatives sur le patient au moment où ils transitent par le service en ligne. Je me contente d’utiliser le prénom et l’initiale du nom du patient, et je sauvegarde ensuite les documents en local dans mes dossiers patients.

J’utilise également cette application pour tous les jeux de mots cachés, car il est très simple de zoomer, dézoomer, et surligner les mots trouvés.

Parmi les autres usages, je me sers de cette application pour annoter ou surligner des passages importants/intéressants dans les articles scientifiques que je lis.

Enfin, j’ai utilisé cette application lors d’une conférence pour prendre des notes sur les documents numériques fournis au préalable.

Au final neu.Annotate+ PDF fait partie de ces applications « couteau suisse » dont je ne pourrais plus me passer dans mon quotidien d’orthophoniste.

Je pense d’ailleurs qu’il existerait de nombreux autres usages que ceux que je viens de citer. Laissez libre cours à votre imagination dans les commentaires, je suis certaine que vous ne manquerez pas d’idées !

Nota : pour les utilisateurs de tablettes Android, on me dit à l’oreille que l’application ezPDF Reader fait très bien l’affaire.

Question Sleuth, le détective

La petite histoire

Il y a quelques temps j’ai été contactée par Zorten Softwares, une société qui développe des applications pour orthophonistes. En effet, ils recherchaient des testeurs pour l’une de leurs applications : Question Sleuth (1,59€) que l’on pourrait traduire par « Le détective ».

Question Sleuth - Zorten Software, LLCJ’ai accepté bien volontiers, ravie de voir à quoi pouvait bien ressembler les dessous de la création d’une application. Et bien je peux vous dire qu’ils n’ont pas chômé, nous avons reçu plus d’une dizaine de versions à tester en deux semaines. Tous les petits bugs que j’avais pu remarquer sur les premières versions ont été corrigés sur les versions ultérieures, et de nombreuses améliorations ont été implémentées.

Bref, tout ça pour dire que je suis bien contente d’avoir pu donner mon avis sur la création d’une application, mais aussi que cet avis ait été pris en compte (en passant, lorsque quelque chose vous dérange dans une application ou que vous avez des idées d’améliorations n’hésitez pas à contacter les développeurs, ils sont en général enchantés d’avoir des retours et bien souvent corrigent le bug ou ajoutent la fonctionnalité rapidement).

L’application

Le jeu proposé dans cette application se joue à deux : le premier joueur cache une étoile derrière un jeton, et le second joueur doit lui poser des questions pour deviner sous quel jeton est caché l’étoile.

Le jeu est livré avec 120 jetons, répartis en 10 catégories : cuisine, animaux, plage, vêtements, aliments, instruments, fête, sports, jouets et moyens de transports. Il est possible de sélectionner les jetons à utiliser un par un, ou catégorie par catégorie.

De plus il est facile de créer soi-même de nouvelles catégories et de nouveaux jetons, soit en utilisant une photo de l’album, soit en prenant une nouvelle photo, soit en cherchant dans un moteur de recherche (connexion internet nécessaire pour cette dernière option). A noter qu’il est possible de sauvegarder ou d’importer des catégories de jetons via Dropbox.

Une fois les catégories sélectionnées on choisit le nombre de jetons que l’on souhaite utiliser, et le jeu peut commencer.

Le premier joueur doit faire glisser l’étoile sur l’un de jetons et cliquer sur « done ». Puis le second joueur commence à poser ses questions.

Pour éliminer des jetons il lui suffit soit de les glisser dans la boite « toys » en haut à droite de l’écran, soit de cliquer dessus (pour faire vaciller le ou les jetons concernés) puis de cliquer sur la boîte.

S’il pense avoir trouvé l’étoile alors il clique sur le jeton pour le faire vaciller puis il clique sur le petit point d’interrogation en haut à droite de l’écran.

Il existe aussi un mode « open play » dans lequel on ne cache pas d’étoile mais où l’on peut tout simplement jouer à déplacer les jetons (pour les classer par exemple).

Les +

  • la personnalisation des catégories avec nos propres images
  • l’import/export via Dropbox
  • la simplicité d’utilisation
  • l’universalité, même si l’application a été développée en anglais il n’y a pas de voix et très peu de texte, elle est donc totalement utilisable en français.

Les –

  • l’écran d’accueil, très orienté « enfants »
  • les sons, mais il existe des boutons pour les désactiver (et je coupe très souvent le son de l’ipad dans tous les cas donc cela ne me gêne pas plus que ça)

Comment je l’utilise en orthophonie ?

  • pour travailler le lexique et en particulier la catégorisation (ex : est-ce que c’est un animal ? un animal marin ?…)

  • pour travailler sur d’autres traits sémantiques comme l’usage, les parties d’un objet (ex : est-ce que l’on peut jouer avec ? est-ce qu’il possède un manche ?)

  • pour travailler sur l’articulation (ex : en créant une nouvelle catégorie ne contenant que des mots en /ch/)
  • avec des enfants comme des adultes (pour ces derniers penser à créer des catégories à partir de photos et à lancer l’application hors de leur vue)

Et vous ? Comment l’utiliseriez-vous ? Dans quel objectif et avec quels patients ?

Nota : un exemplaire de cette application m’a été offert par l’éditeur en remerciement de ma participation à la phase de test, mais cette critique reflète uniquement mon avis personnel. Je n’ai reçu aucune autre compensation en échange de la rédaction de cet article.

Domino des mots

Parmi les applications iPad que j’utilise le plus souvent se trouve Domino des mots (0,79€), de Nicolas Lehovetzki. (existe aussi pour Android).
Rien de bien compliqué dans cette application, il s’agit tout simplement de reconstituer des mots écrits à partir de leurs syllabes. Les syllabes de plusieurs mots sont mélangées entre elles, soit de manière statique (jeu classique), soit en mouvement (jeu des bulles).

Il est possible de paramétrer :

  • le type de jeu  : classique ou bulles
  • le niveau : 1, 2 ou 3 étoiles, ce qui correspond au nombre de syllabes à remettre dans les mots (9, 12 ou 20)
  • le thème des mots à retrouver (24 catégories sémantiques disponibles  actuellement)
  • la police d’écriture : majuscules d’imprimerie ou écriture scripte
  • la langue : français, anglais, espagnol ou allemand

Comment je l’utilise en rééducation ?

Avec des patients atteints de maladies neurodégénératives : pour retrouver le vocabulaire d’une catégorie sémantique sur laquelle nous avons travaillé auparavant (comme les fruits en ce moment avec l’une de mes patientes), ou pour mettre en place une stratégie de résolution de problème (voir plus loin).

Avec des patients aphasiques : pour évoquer le lexique en s’aidant des indices écrits,

Avec des patients apprentis lecteurs : pour prendre du plaisir à lire, pour lire avec un objectif et pas « juste pour lire »,

Avec des patients dyslexiques/dysorthographiques : pour forcer à la prise en compte de l’ensemble des syllabes du mot (décomposition en syllabes), pour augmenter le stock lexical et orthographique en restant dans des catégories sémantiques précises.

Avec des patients présentant des difficultés visuelles : pour travailler sur la poursuite (avec l’option « jeu des bulles »)

Avec des patients présentant des troubles d’attention : pour l’élaboration d’une stratégie de résolution (en verbalisant beaucoup : « Comment vas-tu faire ? Raconte-moi comment tu vas t’organiser pour trouver tous les mots. Comment as-tu fait pour trouver celui-ci ? »)

Les + de l’application :

  • graphismes neutres pouvant être présentés aussi bien à des adultes que des enfants,
  • catégories sémantiques variées
  • parties rapides.

Les – de l’application

  • pas de possibilité de choisir nous-même les mots à utiliser,
  • certains mots sont peu fréquents et donc difficiles à trouver pour nos patients

Et vous ? Utilisez-vous cette application ? Vous fixez-vous des objectifs différents de ceux que j’ai pu proposer ici ?

Baby Chef, une appli iPad à tout faire

Aujourd’hui une application iPad qui, comme son nom ne l’indique pas, m’a permis de travailler avec des patients d’âges très différents. Je veux parler de l’appli Baby-Chef, par MyFirstApp.com (gratuite, achat in App de 0,79€)

Dans cette application très simple d’utilisation, vous pouvez créer des plats à partir de différents ingrédients qu’il suffit de faire glisser au centre de l’écran. Les graphismes ne sont pas trop enfantins, mis à part au lancement de l’application.

Comment je l’utilise avec mes patients :

– avec des petits en retard de langage, pour décrire, raconter, manipuler. J’ai ainsi travaillé sur la séquentialité en compréhension avec l’un de mes patients : « mets d’abord des tomates sur ta pizza, et après le fromage râpé ». Mais on peut aussi la travailler en production, en demandant à l’enfant de nous raconter dans quel ordre il a composé son plat.

avec une patiente présentant une dysorthographie grammaticale, pour travailler sur l’accord du groupe nominal. Elle a d’abord composé sa pizza, puis je lui ai demandé de la décrire par écrit avec obligation d’utiliser au moins un adjectif par ingrédient.

Voici sa production (une fois corrigée) : « j’ai mis deux tomates tranchées pour faire les yeux, du fromage râpé pour faire le nez, des tranches de saucisson sec pour faire les joues, et des champignons citronnés pour faire la bouche ».

avec une patiente présentant une maladie dégénérative, pour travailler le plaisir de raconter, et pour utiliser des manipulations simples sur l’écran de l’iPad (je souhaite lui proposer d’autres applications plus tard mais pour l’instant elle apprend à utiliser un écran tactile).

avec un patient aphasique, présentant de gros troubles moteurs : nous travaillons l’évocation et la répétition. Il avait très envie de réaliser lui même sa pizza et il avait l’air vraiment heureux d’avoir réussi à la faire comme il le voulait. Je lui ai juste demandé de dénommer les ingrédients quand il les plaçait sur sa pizza.

Une nouvelle idée ?

Tout en écrivant cet article je me rends compte que l’on pourrait très bien utiliser cette application pour faire de la PACE, en version dessin : il suffit de sauvegarder une image à l’avance (en utilisant le raccourci en bas à droite de la page), et de la transférer sur l’ordinateur.

Ensuite l’un des joueurs aura cette image devant les yeux (soit à l’écran de l’ordinateur, soit en version imprimée), et devra la décrire au second joueur qui devra refaire le même plat dans l’application.

Si l’on affiche les images sur l’écran de l’ordinateur il est même possible de faire de nombreuses copies différentes (par exemple une vingtaine ou une trentaine de pizzas) pour que nous soyons vraiment dans une situation inconnue si le patient nous dicte une image.

Et vous, comment utiliseriez-vous cette application ?

Le conduit vocal en action

Pour ce nouveau billet nous allons aborder un sujet complètement différent de ceux dont j’ai pu parler jusqu’à maintenant : l’anatomie !
Dans notre métier, il est indispensable de connaître l’anatomie des cavités buccales et nasales. Jusque là pas de soucis. Sauf qu’il faut aussi parfois les présenter à nos patients, et c’est là que le bât blesse.

Je me souviens de ma prof d’anatomie en première année qui nous avait expliqué qu’il fallait absolument savoir dessiner une coupe sagittale du crâne en moins de 3 minutes. Donc bon, en étudiante appliquée j’ai appris à le faire.
Mais depuis mon passage à l’Université de Lyon les choses ont changé (peut-être pas la prof cela dit) et ils ont même créé une animation en flash (non compatible iPhone/iPad) qui montre parfaitement cette fameuse coupe sagittale.

Le mieux dans tout cela c’est qu’ils ne se sont pas contentés de faire un dessin, puisque c’est interactif : vous pouvez choisir le phonème et vous verrez directement les articulateurs en action, ainsi que la vibration éventuelle des cordes vocales.
3 modes sont proposés : le mode normal, le mode ralenti et le mode fixe.

Comment je l’utilise avec mes patients :

avec des petits qui viennent pour un retard de parole : je leur fais juste découvrir les différents articulateurs, une fois qu’ils les ont senti sur eux. Ils cliquent sur une lettre (au hasard), et observent les résultats. Éventuellement on essaye de faire pareil.

avec des apprentis lecteurs, pour faire la différence entre consonnes sourdes et sonores : on étudie les sons 2 par 2, on regarde bien les positions identiques des articulateurs, et l’absence/présence de vibration des cordes vocales,

avec des enfants qui confondent le « b » et le « d » : on observe les différences d’articulation de ces deux phonèmes, tout en les prononçant nous aussi.

avec des patients qui viennent pour une rééducation de la déglutition atypique : je regrette qu’une option « position de déglutition » n’ait pas été ajoutée, à défaut on observe l’anatomie, et on regarde la position du « l ».

certains de mes patients aphasiques ont également été aidés par la visualisation de cette animation. D’ailleurs je n’hésite pas à partager le lien pour qu’ils puissent la revoir de chez eux.

Notez que vous pouvez voir l’animation sur internet mais que vous pouvez également la télécharger pour pouvoir la regarder hors ligne.

C’est d’ailleurs en allant fouiller sur cette page de présentation que j’ai découvert que l’équipe derrière ce fichier avait également créé des fichiers pdf sur le larynx, et des vidéos de présentation du cou, du larynx, du système nerveux central… et de beaucoup, beaucoup d’autres parties du corps (un peu moins utiles pour nous autres mais c’est bon pour la culture générale).
Ce qui est génial avec les pdf par exemple c’est qu’il est possible d’afficher ou de masquer à loisirs les structures, ainsi que de faire tourner l’image dans toutes les dimensions.

Il y a enfin une animation 3D sur le cerveau, parfaite pour bien localiser toutes les structures anatomiques, des ventricules au cervelet, en passant par le tronc cérébral.

En tant qu’orthophoniste je ne regrette que deux choses :

  • l’absence des mouvements de déglutition dans l’animation flash que je viens de vous présenter,
  • l’absence de l’anatomie de l’oreille qui pourrait nous être bien utile également avec certains patients.

Mais je trouve déjà que le travail fourni est remarquable et qui sait, peut-être que ces deux animations seront publiées prochainement ?

Et vous ? Connaissez-vous d’autres sites permettant d’observer l’anatomie humaine et de la partager facilement avec nos patients ? Utilisez-vous cette animation dans le cadre d’autres pathologies ou pour atteindre des objectifs dont je n’ai pas parlé ici ?

[Edit du 20/12/2013 : changement des liens vers les différents fichiers, qui sont maintenant hébergés sur le nouveau site http://anatomie3d.univ-lyon1.fr/]